Fonction des servants

Afin de poursuivre l'étude du canon de 75, cette page décrit le rôle de chaque servant pendant le tir. 


Vous noterez que les rôles, gestes et positions de chaque homme sont parfaitement détaillées par les règlements, qui n'autorisent que peu de libertés dans leur exécution

Voici ci-dessous un extrait de l'édition du manuel suivant, qui est très détaillée :






FONCTIONS DES SERVANTS. 


5. Le personnel employé au service de la pièce comprend cinq servants et un artificier. 

Deux pourvoyeurs (1° et 2°) amorcent les cartouches à obus explosifs et les passent à l'artificier; ils approvisionnent le débouchoir en cartouches à obus à balles ou explosifs fusants. 

Un artificier (également nommé déboucheur) surveille l'amorçage des obus, débouche les évents; il passe les cartouches au chargeur. 

Un chargeur introduit les cartouches dans la chambre. 

Un tireur donne la hausse, ouvre et ferme la culasse, met le feu, place le collier droit du limitateur de course. 

Un pointeur donne l'angle de site et la dérive, pointe et repère le canon, place le collier gauche du limitateur de course. 




ARTICLE PREMIER. 


FONCTIONS DES POURVOYEURS. 


I. Ouvrir et fermer le caisson. 


6. Le caisson reposant sur ses butées de renversement, les coffres fermés, les canonniers apprennent à ouvrir les cadenas, à fixer ceux des coffres du caisson aux pitons de poignée de verrou, à ouvrir et à fermer les couvercles des coffres et à remettre les cadenas. 

Lorsqu’on ouvre le couvercle, il faut maintenir avec une main la poignée du levier d'espagnolette pendant qu'on fait tourner le verrou. 

Lorsqu'on le referme, il faut s'assurer que le bec de l'espagnolette est bien' en prise avec le couvercle. 

II. Prendre les cartouches dans les coffres. 


7. Dans le cas où le caisson est mis en batterie à côté du canon, le débouchoir est abattu, les sacs à terre sont placés sur le sol, à droite et à gauche du débouchoir, les coffres sont ouverts. 

Les pourvoyeurs sont placés à droite ou à gauche du débouchoir, face au caisson et à genoux sur les sacs à terre. 

Caissons à chargement homogène.

Les cartouches sont prises dans l'ordre suivant : épuiser alternativement le rang supérieur et le rang inférieur et, dans chaque rang, avancer de l'extérieur vers l'intérieur. 

Caissons à chargement mixte.

Les cartouches sont prises dans les coffres, en commençant par les rangs les plus éloignés de l'essieu, et, dans chaque rang, en avançant de l'extérieur vers l'intérieur. 

III. Prendre les cartouches au dépôt de munitions. 


8. Le caisson peut manquer. Pour faciliter le service de la pièce, les sacs à terre, destinés à l'artificier et aux pourvoyeurs, et le débouchoir sont alors placés autant que possible comme si le caisson était en batterie près du canon. 

Les pourvoyeurs prennent une cartouche au dépôt de munitions que leur désigne l'artificier et, s'il y a lieu, amorcent l'obus et approvisionnent le débouchoir. 

IV. Nettoyer le projectile, graisser la ceinture. 


9. Essuyer la cartouche avec un sac à terre ou un chiffon propre et graisser la ceinture à l'aide d'une brosse, en ménageant un bourrelet de graisse en avant, du côté de l'ogive. 

V. Amorcer et désamorcer les obus explosifs. 


10. Les cartouches à obus explosifs ne doivent être amorcées et leurs fusées, décoiffées, qu'au fur et à mesure des besoins du tir. 

Le pourvoyeur passe un doigt de la main droite dans l'anneau du tampon qui ferme l'obus et arrache le tampon, en ayant soin d'exercer son effort de traction suivant l'axe de l'obus. 

Il prend une fusée que lui désigne l'artificier et visse à la main dans la gaine de l'obus la fusée munie de la rondelle de calage en feutre en ayant soin de la visser à fond. Le dessous de la tête de la fusée doit bien s'appliquer sur le méplat de la gaine. 

Il décoiffe la fusée (sauf s'il s'agit d'une fusée IAL ou tronconique AL) en tirant sur le ruban, pour les fusées qui en ont, et il nettoie le corps de la fusée. 

Pour désamorcer un obus explosif, le pourvoyeur opère, par les moyens inverses. 

Un tampon est placé dans ce cas sur l'œil après le désamorçage et la fusée est replacée dans la caisse ou dans la boîte à fusées. Toutefois, toute fusée-détonateur à double effet débouchée doit être mise de côté et renvoyée au Parc. 

11. Dans le cas d'amorçage avec fusée IAL. ou tronconique AL, le pourvoyeur visse la fusée à la main, en agissant sur le corps cylindrique, sans la décoiffer. 

Pour désamorcer, si la fusée IAL ou tronconique AL est décoiffée, ne toucher à aucun organe mis à découvert, en particulier à la spirale en laiton. Dévisser la fusée et la renvoyer au Parc après avoir immobilisé par une solide ligature la spirale et les deux demi-bagues. En aucun cas, une fusée IAL ou tronconique AL décoiffée ne peut servir de nouveau à armer un projectile. 

12. Lorsqu'il doit être fait usage d'une plaquette, celle-ci est placée sur l'œil du projectile par le pourvoyeur, au moment du vissage de la fusée-détonateur. Cette fusée, passant dans le trou central de la plaquette, maintient cette dernière par serrage. 

VI. Approvisionner le débouchoir. 


13. Dans le tir à obus à balles ou explosifs fusants, les pourvoyeurs doivent maintenir toujours garnies de cartouches les boîtes d'ogive du débouchoir. 

Pour placer une cartouche dans l'une des boîtes d'ogive du débouchoir, la saisir au culot avec la main droite et, en la soutenant à l'ogive avec l'autre main, la tourner de manière qu'elle soit normale à la base du débouchoir, le culot en l'air; diriger avec la main gauche la fusée et l'ogive dans la boîte d'ogive la plus voisine; l'y placer sans choc, l'abandonner de la main gauche; puis, avec la main droite au culot, faire tourner lentement la cartouche dans le sens de la marche des aiguilles d'une montre jusqu'à ce que le tenon tombe dans son logement. 

Pour les fusées qui sont recouvertes d'une coiffe, les pourvoyeurs enlèvent la coiffe (en tirant sur le ruban, quand il y en ai un) et nettoient le corps de la fusée avant d'introduire la cartouche dans la boîte d'ogive. 



ARTICLE II. 


FONCTIONS DE L'ARTIFICIER. 


I. Cas du tir percutant. 


14. Au commandement : 

A obus ...... 

Charge normale (réduite), 

Fusées ..... 

Telle distance ou (Tant de degrés, tant de minutes). 

L'artificier indique aux pourvoyeurs les cartouches à prendre et les fusées à visser sur les obus. Il surveille l'amorçage des projectiles et reçoit des pourvoyeurs les cartouches qu'il passe au chargeur. 

Si les projectiles sont amorcés avec des fusées IAL ou tronconiques AL, il décoiffe les fusées, en arrachant le ruban, avant de les passer au chargeur. 

II. Cas du tir fusant. 


15. Au commandement : 

A obus 

Charge normale (réduite), 

Fusées ...., 

Repère fixe (mobile), 

Correcteur : tant, 

Telle distance, 

L’artificier indique aux pourvoyeurs les cartouches à prendre et les fusées à visser sur les obus. Il surveille l'amorçage des obus, dispose le débouchoir, débouche les fusées et passe les cartouches au chargeur comme il est dit ci-après. 

16. Dans le cas où la distance au débouchoir n'est pas la même que celle de la hausse, au lieu de commander « telle distance », on commande « au débouchoir, tant », « à la hausse (ou angle), tant », par exemple : au débouchoir : 7.000, à la hausse 4.500 (14*27). 

17. Disposer le débouchoir.

Le débouchoir sert à déboucher l'évent, c'est-à-dire à percer la fusée en un point convenablement choisi pour que le projectile éclate en l'air au point voulu. 

Pour abattre le débouchoir, agir sur le levier d'accrochage et faire tourner le débouchoir vers l'arrière en le maintenant appuyé contre l'axe d'accrochage, jusqu'à ce qu'il repose sur le sol. 

Pour ouvrir le débouchoir, agir sur la chevillette du fermoir et relever le couvercle. 

Pour remettre le débouchoir en place, mettre le correcteur à la division 20, tourner la manivelle dans le sens de la diminution des distances jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée par le verrou d'arrêt, rabattre le couvercle sur la boîte et l'y fixer au moyen du fermoir. Relever le débouchoir sans l'abandonner. 

Le caisson étant en batterie, 

pour enlever le débouchoir, l'abattre bien d'aplomb, le soulever ensuite doucement jusqu'à ce qu'il se dégage de son axe d'accrochage; 

pour raccrocher le débouchoir, le saisir avec les deux mains placées de chaque côté sous l'enveloppe, présenter la douille entre les deux épaulements de l'axe d'accrochage, puis relever l'axe du débouchoir jusqu'à ce que l'axe d'accrochage pénètre librement dans la douille; continuer le mouvement pour accrocher le débouchoir. 

18. Déboucher une seule cartouche.

Le débouchoir étant ouvert; l'artificier se place face à lui du côté du fermoir et à genoux sur un sac à terre. 

Les boîtes d'ogive étant garnies de cartouches, au commandement : 

Repère fixe (mobile), 

disposer le repère à la position extérieure (intérieure) au cadran, puis au commandement : 

Correcteur tant, par exemple : Correcteur 16, 

desserrer l'oreille de serrage du correcteur et déplacer celui- ci avec les deux mains jusqu'à ce que le trait de repère se trouve en face de la division indiquée; en maintenant le correcteur avec une main, resserrer l'oreille de serrage avec l'autre et annoncer à haute voix la division du correcteur qui est en face du trait de repère, sous la forme : 

Correcteur tant, par exemple : Correcteur 16. 

Au commandement : 

Telle distance, par exemple : 2.500, 

saisir avec la main droite la poignée de la manivelle; appuyer sur celle-ci pour la désengrener et la faire tourner dans le sens convenable, en continuant à appuyer, jusqu'à ce que la distance indiquée, lue sur la graduation noire (rouge), soit en face du trait de repère fixe (mobile); abandonner ensuite la manivelle, lire la distance marquée sur le cadran et l'annoncer à haute voix sous la forme ; 

Telle distance, par exemple : 2.500, 

Ces opérations faites, l'artificier débouche une cartouche seulement, en n'employant jamais que la main droite, même pour le levier de manœuvre de gauche. A cet effet, appuyer les doigts ouverts; enfin, la lancer à fond, la main ouverte, venant s'arrêter à la tranche postérieure du manchon. 


ARTICLE IV. 


FONCTIONS DU TIREUR. 


I. Décrocher et accrocher le frein de roues. 


24. Ces opérations exigent le concours du chargeur. 

Pour décrocher le frein de roues, le chargeur se porte entre lai roue gauche et la flèche, le tireur entre la roue droite et la flèche; tous deux saisissent le tirant de leur côté près de la traverse du frein. Le tireur tourne la tête de la chevillette à droite, la soulève jusqu'à l'arrêt de sa course sans chercher à l'enlever de son logement et commande : 

Ferme. 

A ce commandement, les deux servants soulèvent la traverse du frein; le tireur fait basculer le levier d'accrochage en le tirant en arrière; dès que la traverse est dégagée, les deux servants l'abandonnent en même temps en la laissant tomber de son propre poids. 

Pour accrocher le frein de roues, le chargeur et le tireur se placent comme au mouvement précédent, et soulèvent la traverse au commandement : Ferme, du tireur. 

Le tireur fait pivoter le levier d'accrochage vers l'avant et remet la chevillette qui doit tomber d'elle-même dans son logement. 

Si l'accrochage présente des difficultés, soit que la traverse soit inégalement soulevée, soit qu'elle le soit insuffisamment, le tireur répète le commandement • Ferme, pour la faire soulever de nouveau et d'aplomb. 

II. Maniement de la pièce de sûreté. 


25. La culasse étant fermée, et la pièce de sûreté à la position de route, pour la mettre à la position de tir, saisir le bouton du bonhomme d'arrêt avec la main gauche, le tirer vers l'arrière, lui imprimer un mouvement de rotation vers la droite du canon jusqu'à l'arrêt du mouvement et l'abandonner. 

La pièce de sûreté étant à la position de tir, pour la mettre à la position de route, répéter les mêmes mouvements en faisant tourner la pièce de sûreté vers la gauche du canon. 

Dans l'un et dans l'autre mouvement, avoir soin de ne pas toucher au marteau, qui ne gêne en rien le mouvement de rotation. 

III. Ouvrir et fermer la culasse. 


26. Le canon est en batterie, la pièce de sûreté à la position de tir. 

Le tireur, selon les circonstances, se place debout face au canon, entre la roue droite et la culasse, ou bien enfourche le siège de droite, s'assied face au canon, le genou gauche au-dessous du pare-genou, et laisse tomber les mains sur le côté. 

Pour ouvrir la culasse, saisir la poignée avec les deux mains, les ongles en dessous, les doigts presque fermés et faire tourner la culasse jusqu'à l'arrêt du mouvement. La fin du mouvement d'ouverture, produisant l'éjection de la douille, doit être faite énergiquement. 

Pour fermer la culasse, saisir la poignée avec les deux mains, les doigts fermés, les ongles en dessous, et faire tourner la culasse sans brusquerie jusqu'à l'arrêt complet du mouvement; laisser ensuite tomber les mains sur le côté. 

27. Les mouvements d'ouverture et de fermeture de la culasse à vide ne doivent être exécutés, tout d'abord, dans l'instruction individuelle, que dans la mesure strictement nécessaire pour en faire saisir le mécanisme aux canonniers. 

Dès que ce résultat est acquis, le tireur opère avec le chargeur, et le chargement du canon est exécuté réellement avec de fausses cartouches en bois jusqu'à ce qu'il y ait entente parfaite entre les deux servants intéressés. La culasse étant ouverte, le tireur maintient les deux mains au-dessus de la poignée, les doigts ouverts. Au moment où la cartouche est introduite dans la chambre, elle produit un léger mouvement de rotation de la culasse; le tireur a soin de ne pas s'opposer à ce mouvement, qui amorce la fermeture; il le prolonge, au contraire, et achève de fermer la culasse comme ci-dessus. 

28. Le linguet s'arme de lui-même dans le tir, par l'effet du recul du canon. Le tireur ne doit l'armer que pour ouvrir la culasse avant le premier coup ou après un raté. 

Pour armer le linguet, pousser la masselotte vers l'avant. 

IV. Donner la hausse. 


29. Les canonniers sont exercés d'abord à lire une distance sur le tambour gradué de la hausse, puis à donner la hausse. 

Au commandement : 

Telle distance, par exemple, 2.400, 

prendre la poignée de la manivelle de hausse avec la main droite, et la faire tourner (en la poussant vers le plateau fixe pour dégager l'ergot) jusqu'à ce que la division soit en face du trait de repère ; abandonner alors la poignée. 

Si l'énoncé de la distance se termine par l'un des nombres 25 ou 75, le tireur tourne la manivelle de hausse jusqu'à ce que le trait de repère se trouve en face du milieu de l'intervalle compris entre, les deux divisions convenables. 

V. Mettre le feu. 


30. Le tireur étant debout, la culasse fermée et la pièce de sûreté à la position de tir, au commandement : 

Pour le premier coup, le tireur se retire en dehors de la roue droite. 

Au commandement : 

Feu, 

il se penche pour saisir de la main gauche la poignée du tire feu la tire en arrière et légèrement vers le bas jusqu'à l'arrêt du mouvement, en ayant soin de ne pas la ramener vers soi, et l'abandonne brusquement. 

31. Le tireur étant assis sur son siège, au commandement ; 

Feu, 

il saisit de la main gauche la poignée du tire-feu et met le feu comme il est prescrit au n° 30. 

32. En cas de raté, le tireur doit recommencer de suite la mise de feu et s'arrêter après deux nouveaux essais infructueux. 

Quand le raté s'est produit, le tireur étant à la position : pour le premier coup, il faut attendre quelques instants avant de recommencer l'opération. 

VI. Emploi du refouloir. 


33. Le refouloir et l'écouvillon d'une pièce ne doivent être retirés de leurs fourreaux et maniés que par le tireur de cette pièce. 

Le refouloir sert à extraire de la bouche à feu les douilles qui n'auraient pu être éjectées par l'extracteur et les cartouches non tirées ou ayant donné lieu à des ratés. 

S'il s'agit d'une douille, il est nécessaire d'assembler l'écouvillon et le refouloir. 

Engager le refouloir parfaitement nettoyé dans le tube, par la bouche, et frapper avec la tête du refouloir sur l'ogive du projectile ou sur le culot de la douille. 

S'il s'agit d'une cartouche, le chargeur placé à la culasse la reçoit dans les deux mains. 

Le refouloir et l'écouvillon ne sont remis en place qu'à la fin du tir. 

VII. Emploi du collier limiteur de course. 


34. Le collier limiteur de course droit est placé par le tireur, sous la surveillance du chef de pièce. 

La pièce étant mise en direction sur la droite de la zone à battre, ouvrir le collier; le disposer sur l'essieu contre le couvre-essieu droit, de manière que le boulon de serrage soit à l'arrière et le levier à la partie supérieure. Serrer le collier en agissant à la main sur la manivelle, puis avec la clé 42/24/17 sur l'écrou. Vérifier que le serrage est suffisant en faisant pression avec le volant de pointage; si le collier glisse, le replacer et augmenter le serrage. 

On peut augmenter l'adhérence du collier en dégraissant légèrement l'essieu avant de fixer le collier. 




ARTICLE V. 

FONCTIONS DU POINTEUR. 


I. Maniement des instruments de pointage. 



35. Mettre en place l'appareil de pointage 

Pour mettre en place l'appareil de pointage, se placer entre la roue gauche et le canon; déboucler les contre-sanglons du couvre-support; enlever le couvre-support en dégageant d'abord son bord inférieur de dessous le porte-niveau et le laisser pendre en avant du bouclier gauche; pendre ensuite l'appareil de pointage par la colonne avec les deux mains et introduire le pied dans sa douille, le tenon d'emboîtement en regard de son logement. 

La division zéro de la graduation du plateau doit correspondre au trait de repère de la colonne. L'appareil de pointage étant en place, si celte condition n'est pas remplie, porter la paume de la main sur la visière, peser de haut en bas, puis faire tourner l'appareil, pour amener le trait de repère en face de cette division, et laisser remonter la colonne. 

Desserrer ensuite, s'il y a lieu, le frein du tambour, saisir le bord moleté du tambour et le faire tourner pour amener la division 100 en regard du trait de repère, puis resserrer le frein du tambour. 

36. Enlever l'appareil de pointage 

Le canonnier étant placé comme il est dit au numéro précédent, saisir la colonne avec les deux mains et exercer un effort de bas en haut; replacer ensuite le couvre-support et boucler les contre-sanglons. 



37. Donner la dérive. 

Le pointeur, selon les circonstances, se place debout, face en avant, entre la roue gauche et la culasse, ou bien enfourche le siège de gauche et s'assied face en avant, le corps droit, les bras tombant naturellement, sans toucher le canon, les mains sur les genoux, les pieds reposant sur la traverse de frein de roues. 

38. Les canonniers sont d'abord exercés à lire les graduations du plateau et du tambour, puis à placer le trait de repère de la colonne vis-à-vis de l'une des divisions du plateau, enfin à placer une division déterminée du tambour vis-à-vis du trait de repère du tambour. 

39. Au commandement : 

Plateau tant, — Tambour tant, 

par exemple : 

Plateau 14, — Tambour 105, 

porter la main droite sur la visière du collimateur, peser de haut en bas sur cette visière, en imprimant à la colonne un mouvement de rotation dans le sens convenable, de manière à amener le trait de repère de la colonne vis-à-vis de la division 14 du plateau; desserrer ensuite le frein de tambour; saisir le bord moleté -du tambour des dérives et le faire tourner jusqu'à ce que la division indiquée vienne en face du trait de repère; resserrer le frein et annoncer la dérive à haute voix : 

Plateau 14 — Tambour 105. 

40. Corriger la dérive. 

Toutes les fois qu'une modification de dérive est commandée sous la forme : 

Augmentez (diminuez) de tant, 

le pointeur répète à haute voix ce commandement, annonce de même l'ancienne dérive, puis, l'opération terminée, la nouvelle dérive sous la forme : 

Plateau tant — Tambour tant. 

41. Si la correction n'affecte que le tambour, ajouter (retrancher) de tête la quantité commandée, faire tourner le tambour pour donner la nouvelle dérive, en vérifier l'exactitude, puis resserrer le frein du tambour. 

42. Si la correction, quoique inférieure à 200 millièmes, affecte le plateau et le tambour, le pointeur augmente (diminue) le plateau de 1 division et diminue (augmente) le tambour de l'excès de 200 sur la valeur de la correction prescrite. 

43. Si la correction est supérieur à 200 millièmes, elle se décompose immédiatement en une augmentation (ou diminution) de plateau d'une ou plusieurs divisions et une correction de tambour inférieure à 200 millièmes. 

44. Prendre les lignes de foi. 

Les lignes de foi sont deux lignes claires, l'une verticale et l'autre horizontale, qu'on aperçoit sur le fond noir lorsqu'on regarde dans le collimateur. 

Les canonniers sont d'abord exercés à reconnaître ces lignes, puis à prolonger successivement chacune d'elles en dehors du collimateur. A cet effet, il faut : 

1° fermer l'œil gauche (ou l'œil droit); 

2° regarder dans le collimateur, en évitant de pencher le corps en avant, de manière à tenir l’œil aussi éloigné que possible; 

3° imprimer à la tête un mouvement alternatif très rapide de bas en haut et de haut en bas pour prolonger la ligne de foi verticale, de droite à gauche et de gauche à droite pour prolonger la ligne de foi horizontale. 

Au fur et à mesure que le pointeur acquiert une plus grande habitude, ses mouvements deviennent de plus en plus réduits. 

45. Donner l'angle -de site. 

Le pointeur, étant à son poste, est exercé d'abord à lire la graduation de l'angle de site, puis à placer la division indiquée vis-à-vis de l'index. 

Au commandement : 

Site : plus (moins) tant, 

saisir la tête à oreilles de la vis de commande, tourner cette vis dans le sens convenable et amener la division indiquée vis-à-vis de l'index. 

L'angle de site se commande toujours en multiples de 5 millièmes. 

46. Emploi du niveau de pointage décalé. 

Lorsque l'angle de site à donner à la pièce est supérieur à 100 millièmes, on substitue au niveau modèle 1901 un niveau de pointage décalé, qui se monte sur le support de pointage comme le niveau modèle 1901, en ayant soin de mettre vers l'arrière l'inscription + 200, gravée sur l'un des bouchons porte-fiole. 

L'angle effectivement donné au berceau est égal à celui qui est lu sur le disque gradué du support de pointage augmenté de 200 millièmes. 

Le niveau décalé permet donc de pointer sous les angles de site compris entre + 100 et + 300 millièmes. 

Au cours des tirs effectués dans ces conditions, il est nécessaire d'enterrer la crosse quand le berceau arrive à sa butée avant la fin du pointage. 

Lorsque l'angle de site à donner à la pièce est inférieur à: 

— 100 millièmes, le pointeur fixe le niveau décalé sur le -support de pointage de manière à voir à l'arrière l'inscription 

— 200 portée sur l'un des bouchons du porte-fiole. 

L'angle donné au berceau est l'angle lu sur le disque gradué, diminué de 200 millièmes. 

Le niveau ainsi placé permet de pointer sous des angles compris entre — 100 et — 300 millièmes. 

47. Emploi du niveau de pointage modèle 1888-1900. 

Au commandement : 

Tant de degrés, tant (de minutes), 

Par exemple : 14°35' (quatorze degrés trente-cinq), 

mettre le niveau à plat dans les deux mains, la charnière près du corps, presser sur la tête du piston, en la saisissant entre le pouce et le premier doigt de la main droite pour dégager ses dents et celles du limbe, amener le trait de repère vis-à-vis de la division qui marque le nombre de degrés indiqué et abandonner le piston. Tourner ensuite le niveau, la charnière à gauche, de manière à pouvoir lire facilement la graduation de la réglette, desserrer la vis de pression, faire glisser le curseur le long de la réglette pour amener le trait de repère vis-à-vis de la division qui marque le nombre de minutes indiqué, serrer la vis de pression et annoncer à haute voix les nombres de degrés et de minutes marqués, soit 14°35'. 

II Pointer en direction. 


48. L'appareil de pointage marquant les éléments fixés, pointer en direction, c'est déplacer le canon de manière à faire passer par le point de pointage la ligne de foi verticale prolongée du collimateur. 

Il y a intérêt, pour la précision du pointage, à ce que, dans cette opération, l'appareil de pointage soit vertical, ce qui exige que l'essieu soit horizontal ainsi que le berceau. 

49. Le point de pointage peut être soit un point du but, soit un point pris hors du but, situé en avant, sur le côté ou en arrière, un objet naturel, un jalon, la ligne des boutons d'un homme, la partie verticale d'un instrument topographique, la colonne d'appareil de pointage d'une pièce, une source lumineuse... 

Il est pris si possible au même niveau que la pièce pour que le pointage soit plus précis, au cas où l'appareil de pointage ne serait pas vertical. 

50. Dans la visée du point de pointage, si, le pointeur est gêné par le matériel ou par des objets environnants, il peut avoir recours à la rallonge de l'appareil de pointage qui surélève le collimateur et permet de faire le tour de l'horizon. 

Mais, en raison des déformations possibles de la rallonge, son emploi doit être limité aux cas où il s'impose. La rallonge doit être enlevée aussitôt le pointage terminé. 

Même si le point de pointage est en arrière, le premier pointage ne doit pas être effectué à l'aide du miroir de repérage, l'angle de décalage de ce miroir avec l'axe du collimateur variant avec les miroirs. 

Si le site du point de pointage est trop grand pour que celui-ci soit aperçu dans le prolongement de la ligne de foi du collimateur, le pointeur se sert du collimateur de repérage. 

Le pointage terminé, il ramène ce collimateur dans son logement en le maintenant, pour qu'il rentre sans brusquerie, avec un doigt placé sur l'écrou-appui du collimateur jusqu'à arrêt du mouvement. 

51. Pour la mise en direction, la pièce peut être déplacée : 

— par déplacement de la crosse, 

— par coulissement de l'affût sur l'essieu. 

52. Pointer en direction par déplacement de la crosse. 

— Cette opération exige le concours des pourvoyeurs. Ceux-ci se portent, à l'indication du chef de pièce, des deux côtés de la crosse, se faisant face, le deuxième pourvoyeur du côté gauche; chacun saisit des deux mains la poignée de crosse de son côté. Tous deux soulèvent légèrement la crosse Le pointeur, restant debout, fait déplacer la crosse de. Manière que la ligne de foi verticale prolongée passe par le point de pointage indiqué. 

En terrain dur et uni, un seul homme suffit pour déplacer la crosse. Il se place pour cela face en avant, en arrière de la lunette qu'il saisit des deux mains. 

53. Pointer en direction par coulissement sur l'essieu. 

— Le pointeur fait glisser l'affût sur l'essieu, en faisant tourner avec la main gauche la manivelle du volant de pointage en direction dans le sens convenable, jusqu'à ce que la ligne de foi prolongée passe par le point de pointage. 

III. Repérer en direction. 


54. Le canon étant en direction, repérer en direction c'est amener, sans toucher à la bouche à (eu, la ligne de foi verticale du collimateur sur un point appelé point de repérage (choisi de manière à rendre les pointages, faits désormais sur ce point, faciles et sûrs) et à noter la dérive, appelée dérive de repérage, marquée alors par l'appareil. 

C'est sur la dérive de repérage que porteront dès lors les modifications ou corrections de dérive et c'est sur le point de repérage que le pointeur fera les repointages ultérieurs. 

55. Le point de repérage doit, autant que possible, être : 

— à une distance du canon supérieure à 50 mètres; 

— à une altitude très voisine de celle de l'appareil de pointage; 

— dans une direction voisine de celle du tir (et légèrement à gauche) ou de la direction opposée (et légèrement à droite); 

— facile à distinguer des points environnants; 

— fixe et non susceptible de disparaître. 

Faute de point naturel remplissant ces conditions, en créer un avec un jalon pouvant être éclairé de nuit. 

56. La pièce une fois pointée, pour repérer, le pointeur agit sur le plateau et le tambour de façon à amener la ligne de foi du collimateur sur le point de repérage, puis il lit la dérive de repérage, la note et l'annonce au chef de pièce. 

Le repérage est fait de préférence l'appareil de pointage étant vertical (niveau de site à 0, bulle entre ses repères). 

Si le repérage est fait l'appareil n'étant pas vertical (voir 2° cas du n° 62), le pointeur amène la ligne de foi verticale du collimateur à passer par une partie bien déterminée du point de repérage. 

57. Si le point de repérage est en arrière, le pointeur se sert, pour repérer, du miroir de repérage. 

En ce cas, pour superposer la ligne de foi verticale du collimateur et l'image du point de repérage vue dans le miroir, il agit sur le plateau et le tambour comme s'il s'agissait d'éloigner l'une de l'autre cette ligne et l'image. Si le point de repérage n'est pas au même site que la pièce, le pointeur peut avoir à incliner plus ou moins le miroir en agissant sur la palette avec le pouce et l'index. 

Le repérage effectué, le pointeur choisit en avant, à peu près dans la direction de la ligne de foi, une particularité du sol (tache de terre, touffe d'herbe), qui pourra lui servir à dégrossir les pointages ultérieurs et à ramener sans tâtonnement le point de repérage dans le champ du miroir. 

IV. Repointer en direction. 



58. Pour repointer, le pointeur amène la ligne de foi verticale du collimateur à coïncider avec le point de repérage, le berceau ayant la même inclinaison que lors du repérage. 

Si l'appareil de pointage n'est pas vertical, le pointeur amène la ligne de foi à coïncider exactement avec la partie du point de repérage sur laquelle le repérage a été fait. 

Si le point de repérage est en arrière, le pointeur dégrossit, s'il y a lieu, le pointage sur la particularité du sol qu'il a observée vers l'avant, puis achève le pointage au miroir. En ce cas, s'il faut déplacer la crosse, le premier pourvoyeur s'applique, s'il y a lieu, pour ne pas masquer le point de repérage, à la lunette ou à la poignée de crosse de gauche. 

V. Modifier la direction. 



59. a) Par modification de dérive. — Au commandement : 

Augmentez (diminuez) de tant, 

le pointeur corrige la dérive (n° 40 à 43), puis pointe la pièce avec les nouveaux éléments. 

Si la pièce a été repérée, les corrections de dérive se font sur la dérive de repérage. 

b) Par tours de volant. — Le canon étant pointé, au commandement : 

.A droite (gauche), tant de tours, 

le pointeur donne les tours de volant commandés en les comptant à haute voix. 

Si, ensuite, on lui commande : Pointez, il repointe sur son point de repérage en agissant en sens inverse sur le volant de pointage en direction. Si, au contraire, on lui commande : 

Repérez, il repère comme il est prescrit aux n° 56 et 57. 

VI. Pointer en hauteur. 



60. Emploi du niveau de site.

Le pointage en hauteur consiste, après avoir donné l'angle de site, à amener la bulle du niveau entre ses repères. 

L'angle de site étant donné comme il est prescrit au n° 45, découvrir avec la main gauche la fiole du niveau; décaler, s'il y a lieu, le volant de pointage en hauteur, en agissant de haut en bas sur le maneton du verrou, puis en le tournant pour l'appliquer contre l'affût. Saisir ensuite le volant de la main droite et le faire tourner dans le sens convenable pour amener la bulle entre ses repères. 

Pendant cette opération, le pointeur a soin de se pencher fortement en avant, de manière à regarder la fiole aussi verticalement que possible. 

61. Pointage au collimateur.

Quand, exceptionnellement, le pointeur voit le but et pour le tir du premier coup, le pointage en hauteur peut s'exécuter au collimateur. 

A l'indication : 

Au collimateur, 

faire passer par le pied du but la ligne de foi horizontale prolongée, en agissant sur le volant de pointage en hauteur. 

Cela fait, on repère en hauteur en faisant tourner la tête à oreilles de la vis de commande, de façon à amener la bulle entre ses repères. 

Le repérage effectué, le pointage des coups autres que le premier consiste uniquement à amener la bulle entre ses repères, en agissant sur le volant de pointage en hauteur. 

62. Pointage au niveau modèle 1888-1900.

Généralement, le niveau modèle 1888-1900 est employé pour donner à la bouche à feu l'inclinaison totale sans séparer par conséquent l'angle de site et l'angle de hausse. 

Il y a lieu, pour éviter des erreurs de direction, de maintenir le berceau sensiblement horizontal ou, s'il ne peut pas en être ainsi, tout au moins sous une inclinaison invariable, en procédant comme il est indiqué au 2° cas ci-dessous. 

1° CAS. Le berceau peut être maintenu horizontal.

Le berceau étant horizontal (angle de site à 0, bulle du niveau de site entre ses repères), le pointeur place le niveau modèle 1888-1900 marquant les divisions prescrites, la charnière en avant, sur les facettes du canon; il fait amener par le tireur, avec la manivelle de hausse, la bulle de ce niveau sensiblement entre ses repères; le tireur fixe alors la manivelle dans une encoche et le pointeur achève, avec le volant de pointage en hauteur, d'amener la bulle exactement au milieu de l'intervalle entre ses repères. 

Il est procédé ainsi, tant pour le pointage initial que pour les repointages. 

2° CAS. Le berceau ne peut pas être maintenu horizontal. 

Tel est le cas lorsque l'angle ou la distance de-tir sont supérieurs à l'angle limite d'emploi de la hausse (5,500 mètres, soit 12° environ). 

Le chef de pièce fait alors donner au berceau une inclinaison inférieure de 6 à 9° à l'angle commandé, en commandant l'angle de site correspondant et en faisant mettre la bulle du niveau de site entre ses repères. Le pointeur et le tireur achèvent ensuite de donner l'inclinaison au canon, en ne touchant, comme dans le cas précédent, au volant de pointage en hauteur que dans la mesure indispensable. 

Pour les repointages, l'angle de site étant laissé le même, le pointeur met la bulle du niveau de site entre ses repères au moyen du volant de pointage en hauteur, puis le pointeur et le tireur achèvent le pointage comme précédemment. 

63. Si l'axe du canon doit faire un angle négatif avec l'horizon, procéder comme il est indiqué ci-dessus, mais en plaçant sur les facettes du canon le niveau Mle 1888-1900, la charnière en arrière. 

VII. Repérer l'inclinaison de la bouche à feu. 



64. 1° Cas où l'axe de la bouche à feu fait un angle positif avec l'horizon. 

Le niveau marquant 0 degré 0 minute, le placer sur la bouche à feu; élever doucement la réglette dent par dent jusqu'à ce que la bulle passe du côté opposé à celui où elle se trouvait primitivement; abaisser le piston d'une dent (la balle repasse du côté opposé) et déplacer ensuite le curseur porte-fiole pour amener la bulle entre ses repères; serrer la vis de pression; vérifier que la bulle est toujours à la même place; lire les degrés et les minutes. 

2° Cas où l'axe de la bouche à feu lait un angle négatif avec l'horizon. 

Même manœuvre en plaçant le niveau, la charnière en arrière, sur les facettes. 


VIII. Pointer en direction et en hauteur. 



65. Lorsque les canonniers exécutent correctement chacune des opérations indiquées aux n° 48 à 64, ils sont exercés à pointer sans interruption en direction et en hauteur. 

Les opérations s'exécutent dans l'ordre suivant : 

1° donner ou modifier, s'il y a lieu, la dérive, 

2° mettre la colonne d'appareil de pointage sensiblement verticale (tambour des sites à zéro, bulle entre ses repères), 

3° pointer en direction (n° 48 et suivants), 

4° pointer en hauteur (n° 60 et suivants). 

Dès que le pointeur a terminé ou rectifié un pointage, il lève la main droite à hauteur du col, en faisant à haute voix l'indication : 

Prêt. 

66. Lorsque l'exécution du tir ne doit entraîner aucun changement important de la direction du tir ou de l'inclinaison du berceau, on évite d'avoir à ramener la colonne d'appareil de pointage à être verticale en procédant de la façon suivante : 

a. Pour le pointage initial : 

  1° donner la dérive, 

  2° mettre la colonne d'appareil de pointage verticale, 

  3° pointer en direction, 

  4° pointer en hauteur, 

  5° repérer en direction et noter la nouvelle dérive qui sera prise comme dérive de repérage, 

  6° repérage en hauteur au moyen du niveau de site; 

b. Pour les repointages : 

  1° mettre la bulle du niveau de site entre ses repères, avec la division du repérage en hauteur, 

  2° faire sur la dérive de repérage les légères modifications prescrites, 

  3° pointer en direction (sans modifier l'inclinaison du berceau), 

  4° achever le pointage en hauteur.