Mise en batterie


Cette page détaille toutes les opérations nécessaires à la mise en batterie du canon (c'est-à-dire la préparation du canon pour le rendre prêt à tirer).

Sources:


INTRODUCTION


La pièce se compose d'un canon et d'un caisson, et du personnel nécessaire pour la servir. Elle est placée sous les ordres d'un chef de pièce du grade de Maréchal-des-logis. 

Au commandement : 
"Rassemblement", 
les six servants se forment sur deux rangs, face au chef de pièce. 

En allant de la droite à la gauche, le premier rang se compose des servants du caisson, placés dans l'ordre suivant : 

Le 1° pourvoyeur,
L’artificier (ou déboucheur),
Le 2° pourvoyeur. 

Le deuxième rang se compose des servants du canon placés dans l'ordre suivant : 

Le pointeur,
Le chargeur,
Le tireur. 



PLACES DES SERVANTS SUR LES COFFRES

Les servants se placent sur les avant-trains de leurs voitures respectives dans le même ordre qu'au rassemblement. 


DISPOSITIONS DE COMBAT. 


Les dispositions de combat comprennent toutes les opérations nécessaires pour préparer la pièce attelée à être mise en batterie. 
Le canon et le caisson étant sur leurs avant-trains, au commandement : 

"Dispositions de combat", 

les servants se portent au canon et au caisson. 

Le tireur ouvre le sac aux armement et prend un appareil de pointage qu'il remet au pointeur, ainsi qu’une clef de coffre qu'il remet au 1° pourvoyeur, il distribue ensuite la ouate aux servants et au chef de pièce (la ouate permet de protéger les tympans des servants; avant le départ du cantonnement, une petite provision d'ouate est placée dans le sac aux armements).

Le 1° pourvoyeur ouvre les cadenas des coffres du caisson; il remet la clef au tireur, qui la replace dans le sac aux armements et referme le sac.
Le 2° pourvoyeur enlève le couvre-bouche et le suspend à la tringle de la galerie porte-sacs de l'avant-train du canon entre les deux montants du milieu.

Le chargeur enlève le couvre-culasse et le suspend comme il vient d'être dit pour le couvre-bouche, le couvre-culasse à droite.

Le pointeur met l'appareil de pointage en place et place la division zéro du disque du niveau en regard du trait de repère. Puis il fait mouvoir les volants de pointage pour s'assurer que le berceau fonctionne facilement et que l'affût coulisse librement sur l'essieu, et dispose l'affût à égale distance des roues.

Le tireur vérifie le fonctionnement du mécanisme de culasse et du système de percussion, et replace la pièce de sûreté à la position de route. Il s'assure que la hausse fonctionne régulièrement, puis il la place à une distance quelconque supérieure à 3.500 mètres. Cette dernière opération faite, le pointeur fait porter le frein sur le coussin, en agissant sur le volant de pointage en hauteur, et cale ce volant.

Le chef de pièce contrôle ces opérations et s'assure, d'après la position de la jauge, que le frein contient une réserve de liquide. 



MISE EN BATTERIE


Le canon et le caisson étant sur leurs avant-trains, le canon à 1,50 m à droite du caisson, les servants étant sur les coffres; les dispositions de combat ayant été prises, pour mettre la pièce en batterie, les servants sautent à terre et séparent les trains comme il est indiqué ci-après : 


Mise en batterie du caisson 


Le caisson ayant été amené le plus près possible de l'emplacement qu'il doit occuper près du canon ou du dépôt où il doit être déchargé, les pourvoyeurs s'appliquent à la flèche, le 1er pourvoyeur à droite et saisissent chacun une des poignées; l'artificier s'applique à l'une des roues. 

Le 1er pourvoyeur tire à lui le battant et le maintient avec la main droite; les deux pourvoyeurs dégagent la lunette et la font glisser du côté du 1er pourvoyeur; celui-ci annonce: 

"Caisson prêt" 

Les servants font ensuite tourner le caisson de façon qu'il ait le moins de chemin possible à parcourir. Le 2eme pourvoyeur dégage le T de la chaînette d'axe d'accrochage, redresse l'axe et vient de nouveau saisir la poignée de son côté. 

Les deux pourvoyeurs lèvent la flèche jusqu'à ce que le coffre soit en équilibre sur l'essieu; ils l'abaissent ensuite et la laissent poser à terre, pendant que l'artificier, qui a saisi des deux mains la traverse des butées de renversement, achève le mouvement de bascule en ayant soin d'empêcher un renversement trop brusque à la fin du mouvement. 


Mise en batterie du canon 


Le canon ayant été amené le plus près possible de l'emplacement qu'il doit occuper, les dispositions de combat ayant été prises, pour mettre le canon en batterie, le pointeur et le tireur s'appliquent à la crosse, le pointeur du côté de son siège et saisissent chacun l'une des poignées; le chargeur s'applique à la roue droite de l'affût, le premier pourvoyeur vient s'appliquer à la roue gauche. 
L'artificier décharge la boîte à graisse et les chiffons qui se trouvent sur l'avant-train et les dépose à terre. 

Pour séparer les trains, le pointeur tire à lui le battant et le maintient avec la main droite; le pointeur et le tireur dégagent la lunette, la font glisser du côté du pointeur et la posent à terre si besoin. 

Dès que l'ensemble des opérations précédentes a été effectué par les servants, l'artificier annonce : 

"Canon prêt". 

Sur l'ordre du chef de pièce, les servants font tourner le canon face au but, puis le l'ont avancer (reculer) pour l'amener à l'emplacement fixé. 



Mise en batterie du canon et du caisson à côté l'un de l'autre. 


Le canon et le caisson sont mis en batterie à côté l'un de l'autre, le canon de façon que l'appareil de pointage soit au-dessus du point fixé, le caisson à gauche à 50 centimètres d'intervalle et à 50 centimètres en arrière. 

Dès que la pièce est en batterie, l'artificier bat le débouchoir et retire les sacs à terre, les pourvoyeurs ouvrent les coffres du caisson, tous les servants prennent leurs postes. 


Si le terrain est difficile, le chef de pièce peut faire mettre successivement les deux arrière-trains en batterie, en utilisant tous les servants. Dans le cas où l'effort des six servants de la pièce serait insuffisant, on peut faire appel aux servants d'une pièce voisine. En principe, pour déplacer le canon et le caisson, les pourvoyeurs s'appliquent aux poignées de crosse du canon ou aux poignées de flèche du caisson; le chargeur et le tireur aux roues du canon; le déboucheur et le chargeur aux roues du caisson. 


POSTES DES SERVANTS EN BATTERIE. 


Dès que la pièce est en batterie, les servants déposent leurs mousquetons contre les moyeux et à l'extérieur des roues du caisson, ceux du canon à droite, ceux du caisson à gauche.

Le chargeur abat le bouclier articulé de gauche et le tireur abat le bouclier articulé de droite.

Le déboucheur abat le débouchoir, retire les sacs à terre, place le correcteur à la division 18, le cadran à la division 2.500.

Les pourvoyeurs ouvrent les coffres du caisson.

Le tireur met la pièce de sûreté à la position de tir et ouvre la culasse.

Tous les servants prennent leurs postes; le pointeur et le tireur n'enfourchent leurs sièges que lorsque la pièce est assise (on dit qu'une pièce est assise lorsque la bêche est suffisamment enfoncée dans le sol pour que l'affût ne recule pas). 

Le chef de pièce se place à droite du canon, face à la flèche. Il peut se porter momentanément sur les points où sa présence peut être utile pour le contrôle des opérations, sans, toutefois, enjamber la crosse. 




PRÉPARATION DU TIR. 


Lors de la préparation du tir, les opérations les plus importantes sont la mise en direction de la pièce et son repérage. 

Mise en direction de la pièce 


Une pièce peut être mise en direction : 

1° A vue :
Le chef de pièce, se plaçant derrière le canon, fait déplacer la crosse par les pourvoyeurs. Le tireur baisse, s'il y a lieu, la bouche du canon en manœuvrant la hausse et en se faisant aider au besoin par le pointeur qui agit sur le volant de pointage en hauteur.


2° Par pointage sur un point donné.

Au commandement : 

"Sur tel point"
"Plateau tant - tambour tant", 

Le pointeur, après avoir donné la dérive commandée, pointe, avec le concours des pourvoyeurs. Le chargeur aide le pointeur à mettre et ôter la rallonge, sil y a lieu. Le tireur aide, s'il y a lieu, le pointeur à baisser la bouche du canon. 


Repérage.


La pièce étant mise en direction, le pointeur repère en direction (si la pièce a été mise en direction par un point de pointage situé vers l'avant ce point peut être conservé comme point de repérage), puis donne, s'il y a lieu, l'angle de site commandé. 


Inscription des dérives. 


Lorsque la pièce est pointée et repérée, la dérive peut être inscrite à la craie sur le bouclier. 

A cet effet, le chef de pièce commande : 

"Inscrivez la dérive". 

S'il y a lieu de prévoir l'utilisation de plusieurs directions de surveillance, la pièce, pointée successivement dans ces différentes directions, est repérée chaque fois sur le même point de repérage et le chef de pièce fait inscrire sur le bouclier, avec le numéro d'ordre prescrit, les différentes dérives de repérage obtenues. 

A cet effet, il commande : 

"Inscrivez la dérive" 
"Surveillance n° tant". 

Modifications de direction. 


Le repérage effectué, si la direction de la pièce doit être modifiée, le chef de pièce commande : 

"Augmentez (diminuez) de tant". 

Le pointeur, après avoir modifié la dérive, pointe sur le point de repérage en faisant déplacer la crosse. 


Mesure de la hausse minima.


Le tir préparé, il y a intérêt, dans une position masquée, à déterminer, pour un angle de site donné, la hausse minima au-dessous de laquelle la pièce risquerait d'écrêter le masque.
Le pointeur fait marquer au canon l'angle de site donné, puis il dirige la ligne de mire naturelle sur le sommet du masque en faisant manœuvrer le tambour de hausse par le tireur; ce dernier lit la distance marquée par la hausse et l'annonce.
Cette distance est inscrite sur le bouclier de droite, avec l'angle de site correspondant. La pièce ne devra pas tirer à une distance inférieure à la distance inscrite, tant que l'angle de site n'est pas changé. 


ABATAGE 

On dit qu'une pièce est abattue lorsque les roues reposent sur les patins de frein de roues. L'opération par laquelle on fait monter le canon sur les patins s'appelle l'abatage.

On dit qu'une pièce est assise lorsque la bêche est suffisamment enfoncée dans le sol pour que l'affût ne recule pas. 

Lorsque le canon est assis, ses roues doivent se trouver à hauteur de celles du caisson si ce dernier est mis en batterie à côté du canon. Ce placement relatif des deux éléments de la pièce, ainsi que l'intervalle de 0,50m ont une très grande importance pour la régularité et la facilité du service de la pièce dans le tir.


Abattre.


La pièce étant repérée, le chef de pièce commande : 

"Pour abattre"

A ce commandement, le tireur et le pointeur font reposer le frein de tir sur son coussin, le chargeur et le tireur décrochent le frein de roues, mais le maintiennent soulevé. Les pourvoyeurs se portent à la crosse, le pointeur assure la ligne de foi verticale du collimateur dans la direction de son point de repérage et fait ensuite l'indication : 

"Prêt". 

A cette indication, les pourvoyeurs maintiennent la flèche dans la position qu'elle occupe.
Le chef de pièce se place à un mètre environ en arrière du canon. Dès que le pointeur a fait l'indication :

"Prêt",
le chef de pièce place la pointe de son pied droit à 70 centimètres environ de la lunette, le pied dans la direction de la flèche et commande : 

"Abattez". 




A ce commandement, le tireur et le chargeur laissent tomber à terre le frein de roues; les servants placés à la crosse élèvent suffisamment la flèche pour que l'enclenchement se produise, en s'opposant a tout mouvement latéral, afin de bien lever la flèche dans la direction donnée et en ayant soin de ne pas heurter le sol avec l’extrémité de la bouche à feu.
Dès que les dents du crochet sont engagées dans celles de la crémaillère du coulisseau et après qu'il s'est assuré que le plan vertical de l'axe de la flèche passe bien par son pied droit, le chef de pièce commande : 

"Ferme". 

Les pourvoyeurs, aidés par le chargeur et le tireur, qui s'appliquent à la flèche, font effort pour poser la crosse à terre sans la lancer. Au début du mouvement, ils ont grand soin de diriger la lunette sur la pointe du pied du chef de pièce.
De son côté, celui-ci saisit la lunette, dès qu'il le peut, et la dirige vers la pointe de son pied qui n'a pas été déplacée. 

La bêche reposant à terre, le chef de pièce commande l'angle de site et le tireur met la hausse à la distance 2.500 ; le pointeur pointe le canon. Les autres servants prennent leurs postes pour le tir.