L'artillerie française possède au moment de la mobilisation à l’été 1914, près de 4000 pièces de 75 mm modèle 1897.
Le problème de
l'approvisionnement en munitions va rapidement se poser dès les premiers mois
du conflit car la dotation prévue pour chaque canon n'est que de 1360 coups.
Bien sûr, aucune production supplémentaire n'a été prévue, la guerre contre
l'Allemagne doit être très courte.
André Aribaud, engagé au
3° RAC en 1916, note dans ses mémoires: «
Les anciens qui combattaient au début de la guerre, en 1914, nous disaient
souvent que les munitions leur avaient manqué à cette époque ».
Les autorités militaires
se rendent vite compte du problème et somment les manufactures d'augmenter leur
production. Elle atteint déjà 11 000 obus par jour en septembre 1914. Mais cela
ne suffit plus pour satisfaire la consommation d'obus sur toute la longueur du
front qui se stabilise début 1915. L'industrie de guerre devient prioritaire et
de nombreuses industries doivent se recycler dans la fabrication de munitions.
Les femmes y jouent un rôle primordial pour combler le manque de main-d’œuvre.
Leurs petites mains sont efficaces pour assembler les mécanismes des fusées et
rectifier de petites pièces. Les procédés de fabrication doivent aussi faire
face à un besoin de productivité. Ainsi, les obus de 75 ne sont plus forgés
mais désormais usinés à partir de barres de métal. Les résultats sont
convaincants: de 46 000 obus de 75 fabriqués par jour début 1915, on arrive à
75 000 en juin 1915. Les besoins journaliers en obus de 75 ne vont cesser de
grimper pour atteindre quasiment 150 000 obus par jour.
Malheureusement de graves
accidents sur le front, dus à des explosions au départ du coup ou à des
éclatements de l'âme du canon, font de nombreux blessés et morts dans les rangs
de nos artilleurs. La qualité d'usinage des obus de 75 a été délaissée au
profit de la productivité.
En effet, on dénombre
3257 canons de 75 ayant éclaté et 3391 autres ayant gonflé à cause de ces
munitions, surtout en 1915. (source:
Diplomatie et outil militaire 1871-1991, Jean doise et Maurice Vaïsse. Editions
du seuil 1992)
Par exemple, lors des
premières offensives de Champagne en janvier 1915, 176 éclatements prématurés
de tubes de 75 se produisent au sein de la IV° armée. Le commandement ordonne
de ne faire usage des 75 qu'en dernier recours.
De sévères contrôles de
fabrication des lots de munitions sont mis en place et les éclatements
prématurés commencent à disparaitre à partir de mai 1915.
Les
offensives de 1915 sont fortes consommatrices en obus de 75: 1 980 000 obus de
75 tirés en Champagne. Lors de la bataille de Verdun, 3 750 000 obus de 75 sont
tirés pour le seul mois de mars. Un autre constat est fait sur le front: de
nombreux obus fonctionnent mal et n'explosent pas. Pour remédier à ce problème,
la qualité de fabrication des fusées est encore améliorée et de nouveaux
modèles plus fiables voient le jour.
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