Journaux

Le canon de 75 dans les journaux de l'époque


Dès sa mise en service, puis tout au long du 1er conflit mondiale, le sujet du célèbre canon de 75 et de ses créateurs est régulièrement abordé dans les journaux à grand tirage à grand renfort de patriotisme. 


Les premières de couvertures nous offrent de belles illustrations.



Le Petit Journal du 14 novembre 1897:
"le nouveau canon français"


"Nous parlerons avec discrétion du nouvel engin de guerre que l'on expérimente au camp de Châlons. C'est un canon qui repose en ce moment sous une tente bien gardée. 

Des officiers de choix en démontrent la manœuvre à des sous officiers d'élite, et l'on voit sur la figure de ces braves gens quand ils regagnent le rang une véritable joie de patriotique.

Tout ce que l'on peut dire maintenant, c'est que ce canon léger, à longue portée, à recul très minime, peut fournir facilement un tir à dix coups à la minute.

En donner une description serait commettre un crime contre la patrie ; mais il est bon, croyons nous, au moment où les Allemands font si grand bruit de leur nouvel armement, de rappeler au peuple de France que l'on se s'endort pas non plus chez nous."




Le Petit Journal du 6 octobre 1901:
"Aux manœuvres de l'Est, le Tsar et notre nouveau canon"

Les grandes manœuvres de l'Est de 1901 désignent d'importants exercices militaires menés par une partie de l'armée française, dans l'Est de la France, durant le début de l'automne 1901. La diplomatie française invite l'empereur russe à venir en France, en réaction au voyage du tsar à Danzig la même année pour assister aux Kaisermanöver (« manœuvres impériales ») allemandes.

Le 21 septembre 1901 eurent lieu, en présence de l'empereur de Russie Nicolas II et du président de la République française Émile Loubet, une revue au camp de Bétheny dans le cadre de l'alliance franco-russe, impliquant la participation de 130 000 soldats, sous le commandement du général Joseph Brugère.
Pour cette occasion, la gare du Fresnois en toile fut construite à Courcy, desservant une esplanade de 1,3 kilomètre de long sur 800 mètres de profondeur sur laquelle se firent les défilés des troupes devant la tribune d'honneur édifiée à cet effet.

Cet au cours de cet événement qu'est mis en valeur le nouveau canon de 75 mm. 







Le Petit Journal du 12 novembre 1916:
Le général Sainte-Claire-Deville - Grand-officier de la Légion d’honneur "

"On sait que récemment, au cours d’une inspection sur le front, le général Sainte-Claire-Deville a été atteint d’une blessure grave. Il a été nommé grand-officier de la Légion d’honneur. Voici le texte de la décision accompagnant cette promotion : « Officier général d’une haute valeur intellectuelle et morale, qui a mis au service de l’armée une rare compétence technique et a rendu au pays de remarquables services; a été grièvement blessé au cours d’une inspection qu’il a poussée jusque sous le feu de l’ennemi. » Ajoutons à ceci que le général Sainte-Claire-Deville est l’un des pères de notre glorieux 75. Il est donc l’un des principaux artisans de la victoire.

Dans sa conférence sur le « 75 », publiée dans les « Pages d’histoire » de Berger-Levrault, M. Schloesing, l’éminent savant, membre de l’Institut, rappelle que dès l’année 1889, le capitaine Sainte-Claire-Deville avait construit une pièce du calibre de 57 millimètres qui est aujourd’hui au Musée de l’Armée aux Invalides, et qui comportait déjà bien des perfectionnements essentiels dont bénéficie actuellement notre artillerie : hausse indépendante, collimateur, boucliers d’affût, sièges d’affût, caisson blindé à retournement, débouchoir double, etc. Bientôt, en 1894, par les remarquables travaux du lieutenant-colonel Deport, qui utilisait notamment un frein à longue course, fut prouvée la possibilité d’établir un canon de plus fort calibre qui réunît les qualités désirées. Le lieutenant-colonel Deport, ayant pris sa retraite, le capitaine Sainte-Claire-Deville fut chargé de continuer les recherches dans la voie où l’on savait pouvoir s’engager avec profit. Il se mit aussitôt à la besogne, et, avec la précieuse collaboration du capitaine Rimailho, s’en acquitta de la façon la plus prompte et la plus heureuse.

Le fruit de ces efforts fut la pièce de campagne dite de 75 parce qu’elle a un diamètre intérieur de 75 millimètres. Dès 1897, elle était complètement mise au point par les capitaines Sainte-Claire-Deville et Rimailho et adoptée. « L’œuvre, dit M Schloesing, étonne autant par l’ingéniosité que par la hardiesse et le nombre des solutions nouvelles, dans l’épreuve à laquelle elle est actuellement soumise, elle se montre à la hauteur de toutes les espérances qu’elle avait fait concevoir… » On sait, en effet, que le 75 est le triomphateur de cette guerre. Les Allemands eux-mêmes n’ont cessé de reconnaître son immense supériorité sur leur 77. Les créateurs de notre merveilleux canon de campagne ont donc bien mérité de la Patrie. Et nous sommes assurés que nos lecteurs seront heureux de posséder le portrait du général Sainte-Claire-Deville dont le nom reste glorieusement attaché à cette création.





J'ai vu... du 21 janvier 1915: "numéro spécial : NOTRE GLORIEUX 75
"Le canon de 75: le roi de la guerre"



Le Miroir n° 94 du 12 septembre 1915:
" L'un des créateurs du 75, le général Sainte-Claire Deville, inspecte des canons"


Le Miroir est un hebdomadaire illustré français lancé en 1910 et consacré essentiellement à la photographie d'actualité.

Fondé en 1910, Le Miroir cesse le 1er avril 1912 d'être le supplément illustré du Petit Parisien, il connut sa plus grande diffusion durant la Première Guerre mondiale, événement auquel il se consacra exclusivement jusqu'à la fin du conflit.

En 1911, Le Miroir tire à 400 000 exemplaires. Durant la Première Guerre mondiale, il annonce sur sa couverture : « Le Miroir paie n'importe quel prix les documents photographiques relatifs à la guerre, présentant un intérêt particulier » : de fait, il n'hésite pas à montrer des cadavres de soldats, par exemple le 8 octobre 1916.

Le siège de l'hebdomadaire était au 18, rue d'Enghien 75010 Paris.




Excelsior n° 1824 du 13 novembre 1915: 
"une nouvelle utilisation de notre 75"

Excelsior, est créé le 16 novembre 1910 par Pierre Lafitte, ancien journaliste à L'Écho de Paris, collaborateur de revues sportives devenu jeune patron de presse.

Sous-titré « journal illustré quotidien - informations, littératures, sciences, arts, sports, théâtres, élégances », Excelsior est un des premiers support à privilégier au jour le jour l'information par l'illustration photographique : ce mode de traitement de l'information avait été initié par des hebdomadaires comme L'Illustration mais surtout La Vie illustrée grâce aux progrès de la similigravure. Traiter l'actualité de la veille par la reproduction d'images photo fait de ce journal un pionnier du photojournalisme moderne. 



Le Pays de France numéro 5 du 19 novembre 1914
"Un meuble de style français: secrétaire de 75 pour écrire à la famille"


"Le pays de France" est une revue illustrée éditée par le quotidien "Le matin". Mensuel touristique crée le 10 mai 1914, il disparaît dès son numéro 3 du 10 juillet 1914 pour réapparaître le 12 novembre 1914 en devenant hebdomadaire. Sa publication continuera au début des années 20. Trois numéros rétrospectifs seront en plus édités sous les numéros 1 bis, 2 bis et 3 bis. Chaque numéro se compose, en majorité, d'une couverture orange ou figure le portrait d'un général d'un aviateur ou d'un homme politique, d'un résumé des faits en première page, de nombreuses photos, d'un feuilleton patriotique et de caricatures en dernière page. Le papier est de qualité moyenne ce qui se ressent sur les photos.






De 1917 à 1920 paraissent, chez Frédéric Rouff Éditeur, 154 fascicules de la Collection Patrie. Ces « ouvrages complets illustrés » vendus 10 puis 30 centimes, de petit format (19 cm x 14 cm), comportant 24 pages, sont caractérisés le plus souvent par une impression médiocre sur du papier de mauvaise qualité imposé par les restrictions de cette époque.

La collection se propose chaque semaine, à partir de 1917, de retracer des épisodes dramatiques, vécus mais plus ou moins romancés, du conflit en cours à travers la glorification d'exploits individuels ou d’actions collectives. Inspirée par la propagande de guerre, la collection apparaît très germanophobe comme en témoignent les titres "Les Boches au Maroc" ou "J'ai descendu mon premier boche".

L’un des intérêts de la collection réside dans le dessin de couverture, beaucoup de ces dessins étant l'œuvre de Gil Baer ou Bary qui signe également quelques pages intérieures gravées d'une qualité comparable à celles de l'Illustration. Néanmoins, exception faite de quelques rares numéros, les illustrations intérieures en noir et blanc ne sont que des croquis de piètre qualité.