Quelque soit l’emploi du canon de 75 (de campagne, de DCA, de casemate, sur plateforme), le débouchoir est le compagnon indissociable du canon. C’est un des éléments indispensables et qui permet à l’équipe de pièce d’effectuer des tirs avec rapidité et précision.
Selon le règlement de manœuvre de l’artillerie, « Le
débouchoir sert à déboucher l'évent, c'est-à-dire à percer la fusée en un point
convenablement choisi pour que le projectile éclate en l'air au point
voulu. »
Sources :
- Cahier d’Albi n°7
« le débouchoir double modèle 1897 », Florian Garnier, 2012.
- Règlement de manœuvre de l'Artillerie, Titre V,
description et entretien du matériel et des munitions de 75 Mle 1897, 1923.
- Le fonctionnement complet du canon de 75 par L. Baudry de
Saulnier.
- Artillerie de Campagne, Pratique du tir, Commandant J. Challéat, 1914.
- Artillerie de Campagne, Pratique du tir, Commandant J. Challéat, 1914.
Introduction
C'est le débouchoir double, associé au caisson à renversement et aux boucliers du canon de 75 qui a permis le tir rapide sur le champ de bataille.
Ces trois éléments sont l'oeuvre du général Sainte-Claire Deville qui les avait étudiés pour son matériel de campagne de 57. Ils ont été retenus dans la conception du canon de 75 modèle 1897.
Avant d’expliquer simplement le rôle du débouchoir, il faut tout d’abord savoir qu’il existe deux types de tirs au canon de 75 :
Ces trois éléments sont l'oeuvre du général Sainte-Claire Deville qui les avait étudiés pour son matériel de campagne de 57. Ils ont été retenus dans la conception du canon de 75 modèle 1897.
Avant d’expliquer simplement le rôle du débouchoir, il faut tout d’abord savoir qu’il existe deux types de tirs au canon de 75 :
- le tir percutant (en général effectué avec des obus
explosifs) : quand l’obus qui vient d’être tiré percute le sol à la fin de
la trajectoire, la fusée fonctionne et fait exploser la charge de l’obus. On
utilise pour ces tirs des fusées percutantes.
- le tir fusant (en général effectué avec des obus à
balles) : quand l’obus qui vient d’être tiré arrive au dessus de l’objectif
à traiter, il explose en l’air à une hauteur plus ou moins haute, permettant le
maximum d’effets de l’obus. On utilise pour ces tirs des fusées dites « à
temps » ou à « double effet ».
Lors du départ du coup, une mèche lente enroulée en
colimaçon est allumée à l’intérieur de la fusée « à temps ». Connaissant la vitesse de combustion de la mèche lente, en réglant
la longueur de cette mèche, on détermine le moment de l’éclatement de l’obus.
Le débouchoir sert donc à régler précisément l’évent des fusées « à temps » utilisées
lors des tirs fusants. Il permet de « déboucher » la fusée ; des
couteaux entraînés par un mécanisme viennent « couper » la mèche au
bon endroit.
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Fusées à double effet utilisées avec le débouchoir modèle 1897. La fusée DE 24/31 est débouchée avec le débouchoir mixte modifié. |
Principe de fonctionnement du débouchoir.
Le débouchoir automatique est un appareil de précision qui
peut régler deux fusées à la fois. Il prend place dans le caisson à munitions
du canon de 75 et il est utilisé par l’artificier au sein de l’équipe de pièce quand le caisson est mis en batterie.
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Le caisson mis en batterie : M : traverse des freins de roues. Q : le débouchoir. R : le coffre à avoine. S : logement du débouchoir. T : tiroirs. U : freins. b : décapsuleurs. f : curette. |
Il est constitué par une caisse métallique dans laquelle
sont logés des engrenages ainsi que la partie inférieure de deux manchons en
forme d’ogive commandés par ces engrenages.
Une manivelle, solidaire
d’un plateau gradué qui surmonte la caisse, actionne les engrenages et
communique aux manchons un mouvement de rotation sur-eux-même en même temps qu’un
mouvement de montée ou de descente.
Les obus avec leur fusée et qui sont renversés dans les
manchons ont une position invariable grâce à un tenon qui immobilise la fusée à
l’emplacement voulu.
L’ensemble du mécanisme sert donc à placer précisément la
fusée pour qu’une lame pointue, commandée par un levier à main, vienne percer
le serpentin de poudre noire au point qui correspond à la distance où doit se
faire l’éclatement.
Enfin, le débouchoir possède un « correcteur » qui
permet de fignoler le réglage du tir fusant une fois les premier obus tirés. Le
capitaine d’artillerie peut faire modifier le point d’éclatement en fonction de
l’effet désiré.
Les différents modèles de débouchoirs
Le matériel de 75 comporte deux modèles de débouchoirs :
- le débouchoir Mle 1897,
- le débouchoir mixte Mle 1897 modifié.
Les débouchoirs d’instruction :
Pour l'instruction, on se servira exclusivement de débouchoirs
d'instruction; les débouchoirs du matériel de guerre ne seront employés qu'aux
écoles à feu.
Le débouchoir d'instruction portera les marques distinctives
suivantes:
a) Sur le cadran, entre le zéro et la fin de la graduation
en distances, l'indication« Instruction» faite en lettres rouges;
b) Sur la boîte, une bande de peinture rouge de 40 mm de
largeur placée longitudinalement sur le couvercle et faisant le tour de la
boîte.
Description
Le débouchoir Mle 1897 comprend:
- deux boîtes d'ogive en laiton, avec logement pour le tenon de la fusée.
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Photo © Florian Garnier La boite d'ogive de gauche permet le débouchage des Obus explosifs Mle 1917. |
- deux leviers de
manœuvre avec manivelles prenant appui dans une encoche du porte-lame (à leur
partie antérieure, les porte-lames présentent une mortaise en forme de T dans
laquelle s'engage la lame)
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Photo © Florian Garnier Détail d'une lame destinée à percer la fusée. |
- le correcteur qui porte
un trait de repère et peut se déplacer et se fixer sur le secteur à l'aide de
son oreille de serrage,
- la manivelle avec sa poignée, son ressort et son couvercle,
- la boîte qui renferme les engrenages et qui est fermée par la plaque supérieure (sur cette plaque est fixée la boîte de verrou d'arrêt que fait fonctionner la butée de plateau),
- le couvercle portant
l'étui de lames de rechange et la curette ( en tôle de fer, la curette permet le nettoyage de l'intérieur des boîtes d'ogives dont elle épouse parfaitement la forme)
Le couvercle est relié à la boite à l'aide de la chevillette à ressort du fermoir.
Débouchoir mixte Mle 1887 modifié.
Le débouchoir mixte Mle 1897, modifié, diffère du débouchoir MIe 1897 en ce que le cadran compte deux graduations en distances:
1° l'une extérieure, gravée en noir, identique à la graduation du débouchoir Mle 1897 et relative à l'emploi des fusées fusantes ou à double effet de 22/31 ou de 24/31, à durée de 24 secondes,
2° l'autre intérieure, gravée en rouge, et relative à l'emploi des fusées fusantes ou à double effet de 22/31 A ou de 24/31 A, à durée de 31 secondes.
Le correcteur comprend deux index correspondant à chacune des graduations précédentes:
1° l'un portant un trait de repère gravé en noir et qui n'est autre que l'index du débouchoir Mle 1897;
2° l'autre, dit index mobile, portant un trait de repère gravé en rouge et qui peut occuper deux positions diamétralement opposées, une position de lecture dirigée vers l'intérieur du cadran, une position d'effacement dirigée vers l'extérieur.
Dans la première de ces positions, le talon de l'index mobile masque la partie du repère gravé en noir du côté de la graduation noire, mais laisse découverte la partie de ce repère en regard du secteur gradué du correcteur et, dans la seconde position, le trait de repère noir est complètement découvert, de sorte que pour les différents types de fusées, les corrections au correcteur se donnent avec le même trait de repère.
Enfin l'emploi d'une bague de centrage permet de déboucher des cartouches MIe 1917 armés de fusées-détonateurs à double effet.
Instruction sur l’emploi du débouchoir (extraits du règlement de manœuvre)
Pour abattre le débouchoir, agir sur le levier d'accrochage
et faire tourner le débouchoir bien droit vers l'arrière, en le maintenant
appuyé contre l'axe d'accrochage, jusqu'à ce qu'il repose sur le sol.
Pour ouvrir le débouchoir, agir sur la chevillette du
fermoir et relever le couvercle.
Pour remettre le débouchoir en place, mettre le correcteur à
la division 20, tourner la manivelle dans le sens de la diminution des
distances jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée par le verrou d'arrêt, rabattre le
couvercle sur la boîte et l'y fixer au moyen du fermoir. Relever le débouchoir
sans l'abandonner.
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Musée de l'Artillerie de Draguignan : ici le débouchoir accroché au caisson, est "abattu" et prêt à servir pour le tir. On notera la curette et les lames de rechanges en place dans le couvercle. |
Fonctionnement
La manivelle, par un
jeu d'engrenages renfermé à l'intérieur de la boîte, fait tourner le cadran et
boîtes d'ogives.
Chaque boîte porte une rainure verticale dans laquelle
s'engage la lame sous l'action du porte-lame; la boite est filetée
extérieurement et son filetage se visse dans la douille support qui est fixe.
La rotation de la manivelle entraîne celle des boîtes
d'ogives et par suite le déplacement de ces boites dans le sens vertical, en
regard de la lame qui est fixe.
Le trait de repère du correcteur ayant été amené vis-à-vis
d'une division déterminée et le correcteur étant immobilisé par l'oreille de
serrage, il suffit d'appuyer sur la manivelle pour dégager ses dents, puis de
la faire tourner pour amener la distance voulue en face du trait de repère du correcteur.
Dès qu'on abandonne la manivelle, son ressort la relève et
les dents se remettent en prise.
Le choix du correcteur
Pour produire le maximum d'efficacité, l'obus à balles de 75
doit éclater au-dessus du sol à une hauteur, dite hauteur-type, vue de la pièce
sous un angle de 3 millièmes.
Cette hauteur est calculée dans les tables de tir
à partir de conditions atmosphériques moyennes de référence : pression
barométrique de 750 millimètres ; température de 15°C ; état hygrométrique de ½.
Le mécanisme du débouchoir est organisé de façon que, si le
trait de repère du correcteur est à la division 20 et si la distance indiquée
se trouve d'autre part en face du même repère, l'évent débouché corresponde à
la hauteur d'éclatement de 3 millièmes dans
les conditions moyennes.
Si l'on n'est pas dans ces conditions moyennes, on débouche
un évent plus haut ou plus bas en déplaçant le trait de repère du correcteur,
jusqu'à ce qu'on ait obtenu la hauteur d'éclatement voulue.
Dans le tir de réglage, il est nécessaire, pour apprécier le
sens des coups en portée, de voir si la fumée de l'éclatement occulte ou non
l'objectif. L'expérience montre que ce résultat n'est sûrement atteint que si
la hauteur d'éclatement ne dépasse pas 1 millième. Comme, en diminuant le correcteur
de n millièmes, on abaisse d'autant la hauteur d'éclatement, on voit qu'à
défaut de renseignements particuliers, le correcteur initial doit être 20-2,
c'est-à-dire 18.
Quelques photos d'époque:
Photo du début du siècle prise au quartier, au cours de l'instruction des équipes de pièce. Le débouchoir est en place au pied du caisson, avec deux obus inertes d'instruction. |
Autre photo à l'instruction datée de 1935. L'artificier prend la pose à genou devant son débouchoir. |
Une belle photo de l'équipe de pièce à l'instruction. Le débouchoir est séparé du caisson. |
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Voiture Caisson accompagnant une Auto-canon de DCA De Dion Bouton modèle 1913. Deux débouchoirs sont en place, prêts à l'utilisation. |
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Canon de 75 de DCA sur Plate-forme modèle 1915. Le débouchoir est en place près des caisses d'obus, prêt à servir. |
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Equipe de pièce de canon de 75 de DCA sur Plate-forme modèle 1915. Deux débouchoirs en place près des caisses d'obus et prêts à servir. |