Les RAC


Les Régiments d'Artillerie de Campagne



Lorsque le canon de 75 entre officiellement en service en 1897, l'Artillerie traditionnelle compte 40 régiments crées entre 1671 pour les plus anciens, et 1894 pour les derniers. 

La mise en place du système d'artillerie de campagne "De Bange" leur donne déjà l'appellation "RAC" en 1883. 

Suite aux lois militaires du début du siècle et à l'instauration du service national de trois ans en 1905, le nombre de régiments passe de 40 à 62 entre 1910 et 1911. Tous sont crées à partir de groupes de batteries prélevés sur les RA déjà existants qui passent à trois groupes.



LES 40 REGIMENTS ET LEUR DATE DE CREATION
Régiment
année
création
garnison en 1914
Régiment
année création
garnison en 1914
1° RA
1671
Bourges
21° RA
1870
Angoulême
2° RA
1720
Grenoble
22° RA
1870
Versailles
3° RA
1720
Castres
23° RA
1808
Toulouse
4° RA
1720
Besançon - Héricourt
24° RA
1800
Tarbes
5° RA
1720
Besançon - Remiremont
25° RA
1872
Châlons-sur-Marne
6° RA
1757
Valence
26° RA
1872
Le Mans
7° RA
1762
Rennes
27° RA
1872
Saint Omer
8° RA
1784
Nancy
28° RA
1872
Vannes
9° RA
1794
Castres
29° RA
1872
Laon
10° RA
1830
Rennes
30° RA
1872
Orléans
11° RA
1831
Versailles
31° RA
1873
Le Mans
12° RA
1834
Vincennes
32° RA
1873
Orléans puis Fontainebleau
13° RA
1834
Vincennes
33° RA
1873
Poitiers, Angers
14° RA
1834
Tarbes - Bordeaux
34° RA
1873
Angoulême, Périgueux
15° RA
1841
Douai
35° RA
1873
Vannes
16° RA
1854
Clermond-Ferrand
36° RA
1873
Moulins
17° RA
1854
La Fère
37° RA
1873
Bourges
18° RA
1860
Agen
38° RA
1873
Nîmes
19° RA
1860
Nîmes
39° RA
1894
Toul
20° RA
1860
Poitiers
40° RA
1894
Saint-Mihiel - Verdun


LES 41° A 62° RAC
Régiments
année
de création
formés à partir de
garnison en 1914
41°RAC
1911
IV.V / 15° et les IV.V / 27° RAC
Douai
42°RAC
1911
IV.V / 17° et le IV / 29° RAC
La Fère
43°RAC
1911
IV.V / 11° et le IV / 22° RAC
Caen
44°RAC
1911
IV.V / 31° et les IV.V / 26° RAC
Le Mans
45°RAC
1911
IV.V / 30° et les IV.V / 32° RAC
Orléans
46°RAC
1910
III.IV.V / 25° RAC
Camp de Châlons
47°RAC
1910
III / 4°et la 15 / 5° RAC
Héricourt
48°RAC
1910
I . II / 1° RAC
Dijon
49°RAC
1911
IV / 20° et les III.IV.V / 33° RAC
Poitiers
50°RAC
1911
IV.V / 7° et les IV.V / 10° RAC
Rennes
51°RAC
1911
IV.V.VI / 35° RAC
Nantes
52°RAC
1911
IV.V / 21° et les III.IV / 34° RAC
Angoulême
53°RAC
1911
IV.V / 16° et les IV.V / 36° RAC
Clermond-Ferrand
54°RAC
1910
V / 2° et les V.15.16 / 6° RAC
Lyon
55°RAC
1911
IV.V.VI / 19° RAC
Orange
56°RAC
1910
I . II.IV / 3° RAC
Montpellier
57°RAC
1911
IV.V / 18° et les IV.V / 23° RAC
Toulouse
58°RAC
1910
I . II / 14° RAC
Bordeaux
59°RAC
1910
II.III / 12° et le IV / 13° RAC
Chaumont
60°RAC
1910
IV.V / 39° RAC
Troyes, Charenton
61°RAC
1910
I.II.V / 40° et les 15.16 / 25° RAC
Verdun
62°RAC
1910
III.IV.VII / 5° RAC
Epinal


Les 62 Régiments d'Artillerie de Campagne (RAC) de 1914 représentent donc l'artillerie traditionnelle et classique armée du fameux canon de 75.


Ces 62 R.A.C. sont de deux types (à la veille de la guerre):


- Régiments de C.A. : 20 régiments à quatre groupes.
- Régiments divisionnaires : 42 Régiments à trois groupes.




Les groupes, tous hippomobiles, sont à trois batteries de quatre pièces.



En outre, dix régiments divisionnaires ont un IV° groupe dit " à cheval " affecté à une division de cavalerie, dans l'ordre des numéros des divisions.
Ces groupes sont rattachés aux régiments suivants : 13°, 8°, 42°, 40°, 61°, 54°, 30°, 4, 33° et 14° R.A.C.
Dans ces groupes traditionnellement baptisés " Volants ", les canonniers servants sont à cheval au lieu d'être transportés sur les avant-trains comme dans l'artillerie montée. Ces groupes sont donc plus mobiles et peuvent accompagner la cavalerie en toutes circonstances. Le matériel utilisé reste le modèle 1897.



Composition d'un état-major de régiment d'artillerie
(divisionnaire ou de Corps d'armée)
Personnels
Nombre
Chevaux
d'officiers
de selle
d'attelage
Colonel
1
2
-
-
Lieutenant colonel
1
2
-
-
1
2
-
-
3
4
-
-
Sous-officier vaguemestre
1
-
1
-
2
-
-
-
8
-
-
2
Total
11
10
1
2
Soit 6 Officiers et 11 hommes de troupe, 13 chevaux et 1 voiture.


Composition d'un état-major de groupe de batteries
Personnels/ Matériels
Nombre
Ordonnances d'officiers/conducteurs
Chevaux
d'officiers
de selle
d'attelage
Chef d'escadron commandant
1
1
2
-
-
1
1
1
-
-
2
2
2
-
-
Médecin
1
1
1
-
-
Vétérinaire
1
1
1
-
-
1
-
-
1
-
Médecin auxiliaire
1
-
-
-
-
Brigadier infirmier
1
-
-
-
-
Brigadier brancardier
1
-
-
-
-
Boucher
1
-
-
-
-
Voiture médicale à 2 roues
1
1
-
-
1
Fourgons à bagages
2
2
-
-
4
1
1
-
-
2
Total
11
10
7
1
7
Soit 6 Officiers et 15 hommes de troupe, 15 chevaux et 4 voitures.
NB: tout le personnel de l'état-major de groupe de batteries et affecté à la 1° batterie du groupe. Il est généralement classé dans les 8° et 9° pièces, cette dernière comprenant seulement le personnel du train régimentaire et l'ordonnance de l'officier d'approvisionnement, s'il y a lieu.




Chaque régiment laisse dans sa garnison un " Dépôt " qui met sur pied des groupes de réserve numérotés à la suite des groupes d'active. 

Dans le courant de la guerre, les dépôts continuent à créer de nouveaux groupes. Chaque dépôt donne ainsi naissance à au moins trois groupes, parfois cinq ou six. Ces groupes, réunis par trois, constituent les A.D. (Artillerie Divisionnaire) des divisions de réserve ou de formation.

Dans le courant de l'année 1915, la création des R.A.L.H. (Régiment d'Artillerie Lourde Hippomobile) de chacun des Corps d'Armée (CA) (série 101), amène la réduction des R.A.C. de C.A. à deux groupes, les deux autres groupes ainsi récupérés servent à former de nouvelles A.D. Dans les années suivantes, les derniers groupes de 75 sont retirés des C.A. et pour la plupart ils entrent en R.G.A. (Réserve Générale d'Artillerie)

En 1917, tous ces groupes forment 76 nouveaux R.A.C. avec les numéros 201 à 276.

A l'armistice de 1918, les 62 R.A.C. existent toujours, 51 sont divisionnaires et 11 sont en Réserve Générale d'Artillerie, déjà transformés en régiments portés ou en voie de transformation.

Dès 1919 commencent les mesures de démobilisation. Chaque régiment divisionnaire est réduit à ses I° et II° groupes, et est complété par le III° groupe d'un régiment de la série 201 dont les I° et II° groupes ont été dissous. Le nouveau régiment ainsi constitué prend l'appellation de R.A.C. de Marche. 
Par exemple : 1-260° R.A.C. de M. ou 27-273. ou 61-235. etc. Toutefois cela ne dure guère et, entre juillet et septembre 1919, chaque régiment reprend le premier de ces numéros sauf une demi-douzaine d'entre eux qui reçoivent des numéros de la série 201.

Fin 1919, les régiments prennent leur organisation du temps de paix. Les régiments divisionnaires sont désormais à six groupes : quatre de 75 (I°, II°, III°, IV°) et deux de 155.C. (V° et VI°) avec éventuellement un VII° groupe à cheval pour chacune des six divisions de cavalerie conservées. Les régiments portés sont tous à trois groupes, tous les groupes dans toutes les subdivisions d'arme sont à deux batteries.
Néanmoins, ce plan ne peut être entièrement réalisé. les IV° groupes sont rarement organisés et tous disparaissent avant 1924. Les V° et VI° groupes sont formés avec les anciens groupes de 155.C. des A.D. et qui jusque-là relevaient des R.A.L.H. de C.A. (série 101).
Des difficultés d'effectifs et des réorganisations diverses font disparaître certains régiments hippomobiles (les 5°, 6°, 28°, 32°, 38°, 44°, 50°, 52°, 58°), mais ils sont aussitôt reconstitués avec des régiments portés de la série 201, seul le 32° est reconstitué de toutes pièces comme régiment-école.
En conséquence, les 62 régiments existent toujours en 1919. Parmi eux vingt sont portés : les 5°, 6°, 9°, 11°, 14°, 28°, 29°, 37°, 38°, 41°, 44°, 45°, 46°, 49°, 50°, 52°, 53°, 57°, 59° et 60°. Les 42 autres sont hippomobiles.
Mais la situation des effectifs devient de plus en plus critique. Les R.A.C. de l'intérieur (ceux qui ne sont pas en garnison dans les régions frontalières) sont peu à peu réduits à trois groupes, deux de 75 (I° et II°). un de 155.C (V°). Dès janvier 1921, les dissolutions se multiplient et l'on voit même des R.A.C. à deux groupes (I° et V°). De plus, avec l'invention des batteries-cadres (un officier, un sous-officier et quelques canonniers constituent ce type de batterie), certains régiments ne sont plus qu'à deux batteries réelles la 1° de 75 et la 13° de 155.C.



La réorganisation prévue au 1° janvier 1924 entraîne la disparition de nombreux régiments. De plus il est créé une numérotation codifiée : ainsi les R.A.C.P. (Régiment d'Artillerie de Campagne Porté) portant encore des numéros traditionnels prennent des numéros des séries 301 et 351. En fait sur les 62 corps en question, dans le courant de 1924, il n'en reste plus que trente, tous hippomobiles. En 1930 ce nombre tombe à vingt-deux, ce sera le plus bas.




C'est à partir de 1934 que l'on note une modeste renaissance de l'Artillerie, quelques régiments sont reconstitués, d'autres sont motorisés sans changer de numéros, ce qui bouscule un peu la codification arrêtée en 1923.

A la veille de la drôle de guerre, voici la situation des régiments :
Suivant le cas, ils sont à cinq groupes ou seulement à trois. Dans les régiments à cinq groupes, sept sont motorisés avec des tracteurs et les canons montés sur trains-rouleurs, certains ont même des 75 montés sur roues à pneumatiques. Ces formations sont dites "à tracteurs tous terrains" (Régiments d'Artillerie à Tracteurs tout Terrains: RATT).Dans ces deux catégories, on trouve les 1°, 11°, 15°, 16°, 25°, 30° et 42° régiments.




Quinze régiments restent hippomobiles, tel qu'ils étaient en 1914.
Ce sont les : 4°. 8°. 10°. 12°, 20°, 24°, 28°, 32°, 33°, 35°, 40°, 41°, 54°, 56° et 61°.
Parmi ceux-ci quatre sont à recrutement nord africain (20°, 33°, 40°, 54°).
Le 56°, qui est sur un type mixte, possède son 1° groupe armé de 75 de montagne.

Les autres régiments sont à trois groupes :

- soit hippomobiles : les 6°, 17°, 34° 36°, 43°,
- soit automobiles : les 39°, 46°, 59°. Ces derniers dits " de Région Fortifiée " (RARF) ont des moyens de déplacement réduits.


La mobilisation va faire renaître la totalité des 61 régiments traditionnels (le 62° étant passé dans l'Artillerie d'Afrique) :

- 47 Régiments d'Artillerie Divisionnaire (RAD) composés d'une Batterie Hors Rang (BHR), de trois groupes de 75 et d'une Batterie Divisionnaire Anti-Chars (BDAC) de 75 ou de 47 (les régiments motorisés sont tous ceux d'active);

- 8 Régiments d'Artillerie Mixte Divisionnaire (RAMD) composés d'une Batterie Hors Rang (BHR), de trois groupes de 75, d'un groupe de 155.C et d'une Batterie Divisionnaire Anti-Chars (BDAC). de 75 hippomobile.

- 6 Régiments d'Artillerie de Région Fortifiée (RARF) composés d'une Batterie Hors Rang (BHR), de deux groupes de 75 et d'un groupe de 155.C (tous motorisés mais à moyens réduits).

En juillet 1940 presque tous ces régiments sont dissous, seuls sont maintenus ou entièrement reconstitués les 2°, 4°, 15°, 24°, 35°, 61°. Tous ces corps sont à trois groupes de trois batteries de 75, dont une seule motorisée par régiment.