Notions sur le pointage en hauteur et en direction


Cette page a pour but de présenter les principales notions du pointage à l’aide des appareils situés sur le canon de 75.



Sources :

- Le fonctionnement complet du canon de 75 par L. Baudry de Saulnier;

- Notes sur le canon de 75 et son règlement par le capitaine H. de Morlière, 1918;

- Artillerie 
de campagne - Pratique du tir,  par le capitaine Challéat, 1914. 


Introduction:



L'affût de 75 présente un avantage tout à fait remarquable en ce qu'il permet d'avoir une hausse indépendante du canon, c'est-à-dire du tube qui est soumis au recul. 





Le 2ème avantage est l’immobilité de l’affût pendant le tir, qui permet de conserver un pointage précis, grâce à : 

- l’ancrage de l’affût sur le sol, 

- le frein de tir qui absorbe le recul du tube au départ du coup. 


Les appareils portés par le canon :


A droite :

sur le frein : la hausse indépendante (le cadran des distances, la manivelle de hausse). 



A gauche :

Sur le berceau : l’appareil de pointage (avec son tambour, son plateau ; le niveau) ;

Sur l’affût : le volant de pointage en direction, le volant de pointage en hauteur.






Le pointage en hauteur.




Une pièce est pointée en hauteur lorsque : inclinaison = angle de tir + angle de site.

L’angle de tir est donné par les tables de tir d'après la distance AB (éloignement du but); cette distance suffit, car il se trouve que l'angle de tir, pour une trajectoire tendue comme celle du 75, reste à peu près le même, quel que soit l'angle S, quand ce dernier angle varie dans les limites courantes.

L’angle de site se mesure pour chaque objectif B.


Supposons qu'une pièce A ait à atteindre un objectif B situé au-dessus du plan horizontal AH passant par A.
On sait que son axe devra prendre une certaine direction AX qui sera tangente en A à la trajectoire AB.
L'angle de la droite AB avec le plan horizontal passant par A, ou S, s'appelle angle de site et l'angle BAX, ou T, est l'angle de tir. 


Ci-dessous, une autre illustration de Baudry de Saunier qui explique avec clarté l'angle de de site:





Le rôle du berceau


Le berceau permet d'incliner successivement le, frein, qui porte le canon, et par suite le canon lui-même, des deux angles S et T, en sorte que l'axe du canon prend sur l'horizon l'inclinaison totale S +T; (si l'objectif B était au-dessous de AH, l'inclinaison correspondrait non plus à la somme, mais à la différence des deux angles). 

A cette fin, le frein est relié à l'affût par le berceau, pièce intermédiaire qui est mobile, comme le frein, autour des tourillons (G).


On donne l'angle de site au moyen d'un volant (côté gauche) qui commande le pignon M et est porté par le flasque gauche de l'affût, en se guidant sur les indications d'un niveau situé du même côté; puis ce volant est calé.




Pour donner l'angle de tir ou la « hausse », on agit sur la manivelle N (côté droit).
Cette manivelle, par l'écrou E, fait monter ou descendre le frein tournant autour de G comme centre, et cela jusqu'à ce que le tambour T présente en face d'un repère r la division correspondant à la distance admise de l'objectif. 



La répartition, à gauche et à droite de l'affût, des organes à faire mouvoir, les deux servants opérant chacun isolément peuvent concourir à la manœuvre, qui en est ainsi accélérée. 

Ces deux servants n'ont plus à se tenir en dehors des roues au moment du tir, aussitôt que le premier ou les deux premiers coups ont été tirés et que, la bêche étant enfoncée dans le sol, la pièce est bien « assise » ; ils travaillent dès lors à leur aise derrière l'abri des boucliers et n'éprouvent aucune gêne, par le recul du canon, dans le maniement des organes qui les concernent.


Le pointage en direction.


Il s’agit faire passer le plan du tir, le plan vertical de la trajectoire, par le but à atteindre. Pour faire simple amener le tube en direction de l’objectif.

L'appareil de pointage en direction comprend un collimateur à ligne de foi verticale ab (fig. 13) porté par une colonne C.



Cette colonne pénètre dans son pied P et peut être désorientée à la main par rapport à ce dernier. A cet effet, elle présente, dans sa partie élargie E, une couronne dentée (non représentée) qui engrène avec une couronne identique portée par le pied. 
La rotation est possible lorsqu'on appuie sur la colonne C pour désembrayer les deux couronnes qu'un ressort à boudin tend à maintenir l'une contre l'autre. Le trait de repère R mesure, sur la graduation G du pied, la grandeur de la rotation de la colonne. La graduation G, de 200 en 200 millièmes, constitue le « plateau ».
L’unité de mesure angulaire utilisée est « le millième », c'est-à-dire très sensiblement l'angle sous lequel on voit 1 mètre à une distance de 1.000 mètres; il y a exactement 6.400 « millièmes » dans la circonférence complète.
Quant au pied de la colonne, il est lui-même fixé dans la douille D du support de pointage S (porté par l'affût) par un arrêtoir à ressort qui pénètre dans le logement L après avoir franchi la rampe r. L'ensemble du pied et de la colonne peut recevoir, d'autre part, un mouvement de rotation par l'intermédiaire de la douille D.
Ce mouvement de rotation est commandé par le tambour T (fig. 14) qui actionne la vis V, laquelle fait tourner la douille D par l'intermédiaire de la dent d et du tenon d'emboîtement t.






La rotation est mesurée en millièmes par une graduation y portée par le tambour T mobile devant le trait de repère r.

On appelle dérive l'ensemble des graduations du plateau et du tambour, quand la pièce est pointée en direction. Par construction, quand la graduation 100 du tambour est en face du trait r (fig. 14) et quand le plateau est à zéro (R devant 0), le plan de visée ab (fig. 13) est parallèle au plan de tir (plan vertical passant par l'axe de la bouche à feu).



La figure 15 montre que les graduations du plateau vont en croissant dans le sens des aiguilles d'une montre, de 0 à 1600 dans les quatre cadrans. 
Il en résulte que si, la pièce étant pointée, on diminue la dérive en déplaçant le plan de visée dans le sens de la flèche f, on amène le plan de visée à passer à gauche du but.


Par suite, pour repointer en direction avec la nouvelle dérive, il faut faire tourner la pièce vers la droite (avec le volant de pointage en direction). On porte donc les coups vers la droite si, pointant toujours sur le même point, on diminue la dérive. Inversement, si on augmente la dérive, on porte les coups vers la gauche.
Ces règles très simples se retiennent facilement en remarquant que les mots « diminuer» et «droite» commencent tous deux par la lettre d.





Emploi d'un point de pointage.


L'objectif est généralement très peu visible et il est difficile de pointer directement sur lui.

Mais on peut éviter cette difficulté en pointant sur un point bien net (repère) avec une dérive convenable. 

La détermination de cette dérive est facile en remarquant que si on pointait sur le point P (fig. 16) avec P. 0 T. 100 (Plateau 0 Tambour 100), le coup irait frapper dans la direction CP. 

Par suite, pour lui faire prendre la direction CO, tout en continuant à pointer sur le point P, on n'a qu'à adopter la dérive P. 0 T. 100 augmentée ou diminuée, suivant les cas, d'une quantité égale à X millièmes.

Fig.16.




Exemples.
Supposons O est  à 175 millièmes à gauche de P; la dérive à adopter est alors:
100 + 175= 275 millièmes, soit P. 2  T. 75.

Supposons O est  à 175 millièmes à droite de P; la dérive à adopter est:
1 700 - 175 = 1525, soit P.14  T. 125.
(pour les soustractions, il est commode de remarquer que la dérive P.0  T. 100, qui correspond à l'origine d'un cadran, n'est autre que la dérive P. 16 T. 100, qui correspond à la limite voisine du cadran adjacent. Or, P. 16  T. 100 équivaut à 1700 millièmes.)

Les considérations précédentes permettent, comme on le voit, de pointer un canon quelconque, pourvu qu'on connaisse l'angle  x  correspondant.