Les munitions du canon de 75

Le canon de 75 modèle 1897 fut développé avec seulement deux munitions différentes, d'un poids d’environ 7 kg et d'une portée de 8500 mètres: l'obus explosif et l'obus à balles. 


Rapidement, les progrès techniques intervenus à la fin du 19° siècle ainsi que la course à l'armement du début du conflit vont permettre le développement de nouvelles munitions.


L'objet de cette page est de vous donner une vue d'ensemble de la composition d'une munition et des différents types existants.

Sources:
- Organisation des matériels d'Artillerie, Tome I, 1936.
- Renseignements sur les matériels d'Artillerie de tous calibres en service, 1927.
- Instruction relative aux munitions, 1917.
- Manuel à l'usage des sous-officiers chargés des munitions dans l'Artillerie à pied, 1913.
- Manuel du gradé d'Artillerie de Campagne, édition 1915.
- Règlement de manœuvre de l'Artillerie, Tome 5, 1923.


Introduction:


De manière générale, une munition d'artillerie est composée:

- d'un obus. 
C'est le projectile, le plus souvent en acier. Il contient une matière active permettant de le faire exploser. Sa forme aérodynamique peut varier : sphérique, cylindro-ogivale, oblongue, ogivale pointue, etc. L'obus comporte généralement une ou plusieurs ceintures en cuivre sur son pourtour. 

- d'une fusée. 
C'est le mécanisme qui permet à l'obus d'exploser dans des conditions définies (sur la trajectoire, à l'impact, après l'impact). Suivant le type d'obus, la fusée peut être située sur l'ogive, sur le culot, ou interne.

- d'une charge propulsive
Elle peut être enfermée dans une douille ou dans une gargousse. Elle permet de tir de l'obus sur sa trajectoire à une vitesse initiale déterminée.

Les munitions tirées par l'artillerie de campagne et l'artillerie lourde peuvent être différenciées suivant la conception de leur charge propulsive:

- les munitions encartouchées (ou cartouches): l'obus est serti sur la douille (souvent en laiton).

- les munitions semi-encartouchées: l'obus est dissocié de la douille et mis en place sur la douille juste avant le tir. (ex : canon de 155C Mle 1917)

- les munitions avec gargousse : il n'y a pas de douille. 
La charge propulsive de poudre est enfermée dans une gargousse (sachet) en papier ou en toile. (ex : canon de 120L  De Bange Mle 1878).


Le canon de 75 modèle 1897 utilise des "cartouches" puisque les obus de 75 sont sertis sur une douille en laiton.


Stockage et manutention des munitions de 75:


Les cartouches pour canon de 75 sont livrées par 9 en caisses réglementaires en bois de différents modèles : 

Caisse à munitions de 75 modèle 1901 (poids vide 21 kg) 

Caisse à munitions de 75 modèle 1901-1916 (poids vide 21 kg 600) 

Caisse à munitions de 75 modèle 1915 (poids vide 23 kg) 

Ces modèles de caisses diffèrent par l'emplacement du couvercle et le mode de fermeture. Pour le transport des cartouches à obus explosifs Mle 1917, ces caisses doivent être munies de tasseaux modifiés. 

Chaque caisse porte des indications concernant les munitions qu'elle contient, soit :
1°) le nombre et la nature des projectiles,
2°) la vitesse initiale,
3°) dans certains cas, l'atelier et le lot d'encartouchage, la nature de la poudre utilisée; la nature de l'explosif ou du chargement de l'obus; la catégorie de poids de l'obus.
De plus, les caisses portent en général sur chaque coté et sur chaque bout 2 bandes de 80mm de largeur dont la couleur est caractéristique du type d'obus.

Il existe aussi un modèle de caisse pour 6 cartouches, la caisse Mle 1922, qui est destinée à recevoir des cartouches de 75 des modèles suivants: 

- explosifs Mle 1900 ou Mle 1915, Mle 1917, F.A. Mle 1918. 

- à balles Mle 1897 A ou M. 

- à charge arrière Mle 1897. 

Elle est peinte en vert-olive et porte les marques suivantes à la peinture blanche : 

   Cartouches de 75 

   à obus (1) 

(1) L'indication Mle 1900, ou Mle 1915, ou Mle 1917, ou Mle 1918, ou à balles Mle 1897 A, ou à charge arrière Mle 1897, est portée, soit à la craie, soit à la peinture blanche, au moment du chargement de la caisse.


La douille de 75: 


La douille, fabriquée en laiton étiré et vernie intérieurement, est sertie sur le culot de l'obus. Elle a un poids de 1 kg 200 à vide. 







Le rôle de la douille est double:
- protéger la charge propulsive qu'elle contient.
- assurer une étanchéité parfaite avec la culasse au moment du départ du coup, afin que toute la pression générée par l'inflammation de la poudre propulsive soit orientée vers le culot de l'obus. 

A l'arrière de la douille sur le culot, sont frappées à froid les marques identifiant la fabrication de la douille (lot, année...), la marque "75 DE C" signifiant 75 de campagne.
Au centre du culot de la douille est fixé un tube porte amorce contenant une amorce. Quand le percuteur vient frapper l'amorce, celle-ci détone et met le feu à la charge propulsive  à l'intérieur de la douille. 

Le culot possède un bourrelet qui permet l'éjection de la douille. Lors de l'ouverture de la culasse, les branche de l'extracteur viennent s'appuyer sur le bourrelet en faisant levier vers l'arrière.



La charge propulsive de poudre B:


Le poids de la charge de poudre est calculé de façon à donner à chaque modèle d'obus une vitesse initiale déterminée, qui est inscrite sur la douille en mètres par seconde.
Voici quelques exemples:
B.S.P. 585 - 700 gr : pour le tir de l'obus explosif Mle 1917 (V° 575 m/s);
B.S.P. - 600 gr : pour le tir de l'obus explosif Mle 1900 (V° 550 m/s);
B.S.P. - 620 gr : pour le tir de l'obus à balles (V° 500 m/s) et de l'obus explosif Mle 1900 (V° 570 m/s);
B.G.5 - 953 gr : pour le tir de l'obus F.A. explosif Mle 1929 AL (V° 590 m/s);

B.S.P. charge réduite - 344 gr.

La charge propulsive de poudre B est conditionnée dans la douille par des lamelles mises en fagot et maintenues ensemble par deux cordelettes.


La poudre B (du nom du Général Boulanger, ministre de la guerre de l'époque), inventée en 1884 par Paul Vieille était une poudre sans fumée. Cette nouvelle poudre était une réelle innovation en comparaison avec la poudre noire. Mais son manque de stabilité (risque d'explosion ou d'auto-inflammation) lors de températures ambiantes assez fortes obligea les ingénieurs à revêtir le canon de 75 et son caisson d'une peinture claire (le gris bleu sera adopté) à la place du vert olive habituel. 
Pour remédier à ce danger, le Service des poudres modifiera la composition de la poudre B afin de la rendre plus stable, avec l'addition d'une faible proportion de diphénylamine. La poudre B stabilisée sera mise en service d'abord dans les colonies à cause des fortes températures, puis dans toute l'artillerie.

On distingue plusieurs types de charges : 

- la charge normale, déterminée pour chaque modèle d'obus avec une vitesse initiale donnée ; 

- la charge réduite pour certains modèles d'obus explosifs limite la vitesse initiale de l'obus. Elle permet d'obtenir des angles de chute plus grands avec une moindre fatigue du matériel.  

- Certaines charges dîtes " de décuivrage " contiennent un appoint d'alliage décuivrant (étain-plomb 60/40). Elles sont utilisées pour les tirs spéciaux de décuivrage destinés à éliminer le cuivre qui se dépose au fur et à mesure des tirs le long des rayures. 
Des précautions particulières doivent être prises pour exécuter ces tirs de décuivrage.



Nb : l'emploi de charges réduites dans le canon de 75 modèle 1897 est une solution adoptée dès le début du conflit pour tenter de donner au canon la capacité à exécuter des tirs courbes et d'atteindre des objectifs en contre-pente, notamment pour gagner en efficacité contre les secondes lignes allemandes.


Les marquages sur les munitions

Les marquages de la douille:

Les différentes parties d'une munition (obus, douille, charge, encartouchage de l'ensemble) sont en général fabriquées et assemblées par des manufactures distinctes.


Les douilles comportent plusieurs marquages à la peinture qui donnent les renseignements permettant d'identifier tous les éléments suivants : 

Le chargement de la douille et l'atelier d'encartouchage :


Quelques exemples:







Le type d'obus :

Le culot de la douille reçoit un marquage spécial à la peinture, en fonction du type d'obus serti sur la douille.
En effet, le pourvoyeur placé derrière le caisson ne voit que le culot des munitions et ce marquage lui permet de reconnaître chaque type d'obus sans avoir à sortir la cartouche de son alvéole. 
Seuls les obus à balles ne possèdent aucun marquage de culot.
Cartouche à obus AL Modèle 1916



Cartouche à obus Mle 1900
à charge réduite







Superbe photo montrant un artilleur qui visse une fusée sur une cartouche à obus explosif Mle 1917.
Les deux bandes noires sur les culots des douilles ne laissent aucun doute sur le modèle d'obus.

Les cartouches sont en place dans le caisson.
La bande noire sur les culots indique des obus explosifs Mle 1900.


Les marquages sur les obus :


Une fois le canon mis en service dans les régiments d'artillerie à partir de 1898, les études se poursuivirent concernant l'amélioration de la balistique des munitions, afin d'augmenter leur portée, leur précision, et leurs effets.
Ce sont donc de nouveaux obus qui voient le jour, et le premier conflit mondial permet d'en développer de nouveaux, capables de répondre aux besoins tactiques sur le terrain. 

Chaque obus dispose de marquages à froid sur le métal, de marquages à la peinture, et de couleurs lui permettant d'être aisément identifié.

Les marquages à froid donnent des informations sur l'origine du corps de l'obus:




Les marques relatives au chargement de l'obus:

1. la coloration du corps de l'obus caractérise la nature du chargement, en général doublée d'une marque à froid sur l'ogive (au cas où celle-ci serait effacée)

2. des marques à la peinture qui complètent les indications relatives au chargement.

Les marques relatives au poids de l'obus:

Tous les obus disposent de marques apposées à la peinture, au dessus de la ceinture en cuivre, concernant leur poids.
En effet deux obus du même modèle, c'est-à-dire identiques, n'ont pas toujours exactement le même poids, surtout s’ils ont été fabriqués par des manufactures différentes. Ces marques permettent donc de prendre en compte le poids de chaque obus dans le calcul des trajectoires à l'aide des tables de tir. 
En effet, un obus plus lourd aura une vitesse initiale légèrement plus faible et donc une portée plus courte. Inversement pour un obus plus léger. 

Les poids sont, en général, homogènes par lot délivré.

L          signifie très léger 
+          signifie léger 
+ +       signifie normal 
+ + +    signifie lourd 
+ + + + signifie très lourd 

Exemple de correspondance de poids pour un obus explosif Mle 1915, armée d'une fusée R.Y.G. Mle 1918:




Exemple de marquages apposés sur différents obus explosifs :











Voici les principaux types d'obus utilisés avec le canon de 75 (liste non exhaustive):


LA CARTOUCHE A OBUS EXPLOSIF: 



L'obus explosif modèle 1897 


Il est en fonte à parois épaisses. Sa charge explosive de poudre noire a une efficacité limitée. 

Lors de l'explosion, les parois épaisses sont littéralement déchirées par l'effet de l'explosif et projettent des éclats dont les plus gros peuvent être mortels jusqu'à de grandes distances. 
Il est équipé de la fusée à double effet modèle 1897. Fusante, on peut régler le délai avant l'explosion de l'obus sur sa trajectoire jusque 24 secondes à l'aide du débouchoir. Cela permet de faire exploser l'obus quelques mètres avant le sol (hauteur type). Percutante en même temps, la fusée fait exploser l'obus à l'impact si le mode fusant n'a pas fonctionné.








L'obus explosif modèle 1900 


C'est une évolution du modèle 1897. 




En acier, il se caractérise par des parois plus fines, donc un plus grand volume intérieur. Les éclats projetés sont encore plus nombreux et meurtriers car un nouvel explosif brisant très puissant est utilisé: la Mélinite. Cet explosif nécessite l'emploi d'un détonateur relais à la mélinite pulvérulente. 
De nouveaux modèles de fusée à détonateur vont voir le jour avec ce nouvel obus. 
Instantanées, elles fonctionnent à l'impact. En mode court retard, elles permettent à l'obus de pénétrer dans le sol avant d'exploser. 

Pour des raisons de sécurité, les fusées détonateur percutantes sont livrées à part des cartouches et toujours visées sur l'obus au moment du tir.
Les obus explosifs sont donc livrés avec un tampon laiton-feutre de 24/31 modèle 1910 qui obture l’œil de l'obus et assure la protection de la gaine relais.




Le chargement des obus explosifs va évoluer tout au long de la guerre,  pour améliorer leur efficacité, mais surtout en fonction des matières explosives disponibles dans l'industrie de guerre afin d'éviter toute pénurie.

Voici un texte à ce propos, retrouvé par un aimable visiteur du site, qui illustre bien cette évolution:
"G.Q.G des Armées de l'Est. Etat Major, 1er bureau (N°193). 
1° décembre 1914. Le Général Commandant en Chef à Monsieur le Général Commandant l'Armée. 
J'ai l'honneur de vous faire connaître qu'il sera prochainement délivré aux armées des cartouches de 75 à obus explosifs chargés avec un mélange de Schneidérite et de Tolite. Ces obus d'une efficacité comparable à celle des obus réglementaires modèle 1900, sont revêtus d'une couche de peinture jaune sur l'ogive et le renflement, et de peinture rouge entre le renflement et la ceinture; ils portent sur l'ogive la marque S.T (Schneidérite-Tolite). 
Ces projectiles donnent en éclatant un nuage noir et blanc, plus visible que le nuage produit par l'obus réglementaire. 
Par ordre: le Major Général, signé PELLE." 



L'obus explosif modèle 1900 de réglage


Certains obus explosifs modèle 1900 dits "de réglage" étaient destinés à facilité le réglage des tirs par une meilleure visibilité des éclatements.
Ces obus disposaient d'une quantité de produit fumigène située à l'intérieur, au fond du chargement en explosif. Ce produit (généralement des granules de phosphore) s'enflammait au contact de l'air lors de l'explosion de l'obus, et produisait une nuage de fumée blanche. 
La proportion de ce type d'obus était de 1 par caisse de 9 obus explosifs ou de 1 par 2 caisses de 6 obus explosifs.


La plaquette Malandrin:


Une plaquette de freinage aérodynamique, dite " Malandrin " (du nom de son officier inventeur, capitaine) pouvait être fixée entre l’œil du projectile et la fusée de l'obus modèle 1900. 

Initialement prévue pour le temps de paix, sur les champs de tirs et les polygones d'expériences, cette plaquette permettait de donner une trajectoire courbe à l'obus de 75 et de limiter le risque de ricochet et donc d'accidents. 

Tout comme la charge réduite, la plaquette Malandrin fut utilisée pour palier à la trajectoire trop tendue du 75 et tenter le combler le manque cruel d'obusiers légers, seuls capables de répondre au besoin de traiter des objectifs défilés ou à contre-pente.

Trois modèles existaient : 

- la plaquette P de 68 mm de diamètre (étamée), poids de 60 gr, 

- la plaquette L de 58 mm de diamètre (peinte en noir), poids de 34 gr,

- la plaquette M de 62 mm de diamètre (peinte en rouge), poids de 40 gr.

Leur efficacité restait très décevante car la précision du tir était alors trop aléatoire pour atteindre efficacement les objectifs. 

Les plaquettes étaient transportées enfilées sur un fil de fer et rangées dans les coffres à avoine de l'attelage du 75.


Les obus explosifs modèle 1917 et 1918


Les obus explosifs modèle 1917 et 1918 apparaissent en réponse à l'obus de 77 mm allemand modèle 1916. 
Sur les plans du Général DESALEUX, ils sont beaucoup mieux profilés et leur portée est considérablement améliorée pour atteindre 11 Km.
Ils sont chargés à la Mélinite ou à la Schneidérite.








LA CARTOUCHE A OBUS A BALLES dit " SHRAPNEL ": 


L'obus à balles a été le premier obus conçu pour le canon de 75. 
La dénomination d'obus Shrapnel n'est pas spécifique à l'obus à balles du canon de 75, mais elle vient du nom de son inventeur, un anglais, le Général Henry Shrapnel (1761-1842). A l'époque les tactiques militaires prévoyaient uniquement un engagement limité, mobile, et à découvert. 
La guerre de position qui s'est installée dès 1915 a rapidement montré les limites de l'obus à balles contre les positions allemandes où les personnels étaient protégés dans des abris parfois profondément enterrés.
Cependant, il est resté largement utilisé pendant le conflit, notamment en combinaison avec les obus explosifs. Leurs effets étant complémentaires.

Les différents modèles d'obus à balles étaient équipés de fusées à double effet (DE 22/31 Mle 97 - fusante et percutante) pour les obus d'artillerie de campagne, et de fusées uniquement fusantes pour la DCA (F 30/55 Mle 13). 

Ces deux modèles de fusées étaient " à barillet " et se réglaient au moyen du débouchoir situé au pied du coffre à munitions du canon. Le retard était déterminé par la longueur du cordon fusant (24 secondes maxi de retard) afin que l'obus fonctionne avant de toucher le sol. Il fallait moins de deux secondes à un servant pour régler une fusée à l'aide du débouchoir. 

L'obus fonctionne comme un "mini canon" à plusieurs mètres au dessus du sol (hauteur type) en envoyant des centaines de balles sur l'adversaire à découvert. 

La charge contenue dans l'obus est insuffisante pour déchirer les minces parois de métal de l'obus, mais suffisante pour arracher l'ogive (visée avec de minces filets) et pour projeter une gerbe de plusieurs centaines de balles vers le sol. A la vitesse restante de l'obus sur sa trajectoire (535 mètres/sec), s'ajoute celle des balles, accélérée d'environ cent mètres/sec. 

La hauteur type d'éclatement d'un tir fusant est donnée par les tables de tir du canon de 75 sous forme d'un angle. 
Il est de 2 millièmes aux distances inférieures à 3000 mètres, de 3 millièmes au delà.




Deux modèles de " shrapnell " ont été utilisés avec le 75 : 

L'obus à balles " M " dit "Robin" à charge mélangée modèle 1897 :





Doté de parois en acier très minces, il était chargé de 290 balles sphériques en plomb durci à l'antimoine de 12 gr chacune, mélangées à de la poudre noire (440 gr). Conçu pour éclater avant de toucher le sol grâce à sa fusée fusante à double effet (DE 22/31 modèle 1897), il projetait les balles avec un supplément de vitesse de 85 mètres/sec. sur un adversaire à découvert et couvrait ainsi une étendue considérable.
Ce modèle est rapidement supplanté par l'obus à charge arrière, plus simple et économique à fabriquer et beaucoup plus efficace.
Cet obus était peint en blanc et avait une portée de 8500 mètres pour un poids de 7kg 240. Les marquages étaient peints en noir sur le corps de l'obus. 



L'obus à balles " A " (charge arrière) modèle 1897 :





De même forme que le modèle à balles mélangées, celui-ci avait des effets encore plus efficaces grâce à un chargement organisé différemment. La poudre noire, au lieu d'être mélangée directement avec les balles, se trouvait au fond de l'obus, derrière un diaphragme métallique. Au moment du fonctionnement, la poudre noire (110 gr) projetait violemment les 261 balles de plomb vers le sol en arrachant l'ogive de l'obus. La vitesse donnée aux balles se perdait relativement rapidement à cause de leur poids peu élevé. Ce modèle à charge arrière supplanta les autres modèles par son efficacité. 
De même poids et portée que le modèle " M ", il était peint en rouge et ses marquages étaient blancs. 





L'obus à balles " M " (charge mélangée) modèle 1897-1911 :




Ce modèle de projectile présentait le même fonctionnement que le " M " modèle 1897 mais il était adapté pour la défense antiaérienne (canon de 75 modèle 1897 sur voiture De Dion Bouton). 
Sa fusée fusante 30/55 Mle 1913 avait un retard de 40 secondes. Le nuage noir qu'il produisait à son fonctionnement permettait d'apprécier efficacement le tir. Il était chargé de 240 balles pour un poids de 7 kg 400. 

L'obus à balles " A " (charge arrière) modèle 1897-1917 :



Cet obus est un autre modèle destiné à la défense antiaérienne. Il présentait le même fonctionnement que celui destiné à l'artillerie de campagne. Il était également de la fusée fusante 30/55 Mle 1913. Il était chargé de 228 balles de plomb et de 113 gr de poudre noire. 



LA CARTOUCHE A OBUS FUMIGENE : 






Cet obus a été mis en service en 1915. Utilisant le même profil que l'obus explosif, son chargement était constitué d'une composition à base de phosphore dont la combustion à l'impact de l'obus sur le sol créait un écran de fumée très dense et persistant, destiné à masquer les vues de l'adversaire sur le champ de bataille pendant quelques minutes. Cet obus avait également un pouvoir incendiaire.
Une autre type de chargement est apparu avec l'obus O.C.S., chargé en oléum et chlorhydrine sulfurique, produisant un nuage plus fugace et moins dense.
Ce type d'obus était équipé de la fusée à détonateur I modèle 1914. Il avait une portée de 8000 mètres pour un poids de 5 kg 315. 



LA CARTOUCHE A OBUS ECLAIRANT :




Cet obus mis en service en 1916, était utilisé de nuit pour illuminer le champ de bataille pendant plusieurs secondes (environ 40). L'altitude à laquelle il était le plus efficace était environ 300 mètres au dessus du sol. 
La fusée DE 22/31 Mle 1897 qui équipait cet obus devait donc être réglée en conséquence. Le corps de l'obus, avait la même forme que l'obus à balles, mais son fonctionnement était tout à fait différent. Au moment du fonctionnement, la fusée allumait une charge de dépotage de poudre noire destinée à éjecter par l'arrière de l'obus un cylindre contenant un parachute et une cartouche éclairante. Ce même cylindre éjectait à son tour la cartouche et son parachute, allumée par un retard de mèche lente. 
La lente descente de la charge permettait d'éclairer une zone relativement grande pendant environ une minute, d'autant plus que ces obus étaient utilisés par dizaines en même temps. 



LA CARTOUCHE A OBUS INCENDIAIRE : 



Mis en service en 1916, l'obus incendiaire type G, était basé sur le corps de l'obus à balles M. 
Son chargement est composé de six sacs contenant des mèches goudronnées et du magnésium, le tout placé dans un chargement de poudre noire. Le fond de l'obus reste constitué par la charge normale le l'obus M. La fusée montée sur ce modèle est la fusée instantanée I Mle 1914 modifiée.
A l'impact, cet obus envoyait ces mèches en feu dans un rayon de plusieurs mètres. 


LA CARTOUCHE A OBUS TOXIQUE : 


Plusieurs types existaient en fonction de la nature du produit toxique contenu. Ils étaient numérotés pour les reconnaître et peints en vert avec une ou plusieurs bandes circulaires blanches.

Ces obus étaient réalisés sur la base de l'obus explosif modèle 1900 ou bien à balles modèle 1897, dotés d'une petite charge explosive destinée à éventrer le corps de l'obus et à disperser le produit toxique sous forme de gaz ou de gouttes. Une charge de produit fumigène permettait un meilleur repérage des impacts.
Leur redoutable effet sur les fantassins a rendu leur utilisation tristement célèbre pendant la guerre. 


LA CARTOUCHE A OBUS PERFORANT : 


L'obus perforant " AL " Modèle 1916.



L'obus perforant " AL " (Allongé Lefebvre) (du nom de l'ingénieur André Lefebvre qui à mis au point le système d'amorçage de cet obus) est entré en service en 1916. 
Son corps était réalisé en fonte aciérée à parois très épaisses et avait un profil très aérodynamique. Il était destiné principalement pour perforer les blindages. Il était chargé de 285 gr de TNT, avait un poids de 7 kg 200 pour une portée de 9500 mètres.



L'obus perforant " AL R/2.

L'obus perforant " AL R/2 " (Allongé Lefebvre) est une évolution de l'obus AL Mle 1916.



LA CARTOUCHE A OBUS TRACEUR : 



Les cartouches à obus traceur modèle 1913, utilisés par la D.C.A., sont destinées au tirs contre les ballons.
Des évents situés sur le corps de l'obus lancent de longues flammes accompagnées de fumée. Cela permet de visualiser la trajectoire de l'obus dans le ciel, ce qui facilite le réglage du tir.
Ces obus ont un effet incendiaire et ne sont efficaces que sur leur trajectoire.
Leur chargement est en général un mélange de minium et de magnésium. Ils sont amorcés par des fusées fusantes de 30/55.







LA CARTOUCHE A OBUS D'EXERCICE POUR ECOLE A FEU : 





Pour des raisons d'économie et de sécurité, les écoles à feu sont exécutées avec des obus d'exercice dont la fabrication est moins onéreuse et l'efficacité faible.
Les obus d'exercice sont en fonte. Ils ont le même poids et la même forme que les obus de guerre correspondants.
Ils sont généralement lestés par un mélange de sable et de résine, ou de sable et de ciment. Ils possèdent une charge d'éclatement de poudre noire placée dans l'ogive, au-dessus du lestage.
On les nomme "partiellement lestés et chargés en poudre noire. Ils sont peints en noir et portent une bande circulaire bleue au dessus de la ceinture.  Le marquage E. F. en blanc sur le corps de l'obus signifie Ecole à feu.
Les modèles existants sont:
les obus d'exercice modèle 1915 ou 1917
- l'obus d'exercice modèle 1925



LA FAUSSE CARTOUCHE DE MANIPULATION : 





La fausse cartouche de manipulation modèle 1897 a les mêmes dimensions que la cartouche à obus à balles à charge arrière Mle 1897.
Totalement inerte, cette cartouche est en bois de hêtre et peinte en noir (à partir de 1926, la peinture est verte). La base de la cartouche est en laiton ainsi que la partie représentant la fusée qui est recouverte d'un capuchon en laiton.
Cette munition est utilisée pour l'instruction dispensée à l'école de pièce et permet de simuler toutes les manipulations faites par les pourvoyeurs et l'artificier lors du tire au 75.




Ecole de pièce au 10° R.A.C.P. La munition debout au sol est une fausse cartouche.



Annexe : Abréviations les plus souvent rencontrées sur les marquages des munitions.


Section Technique de l'Artillerie : S.T.A 
Parc d'Artillerie de Bourges : P.B.S. 
Parc d'Artillerie de Clermont-Ferrand : P.C.F.D. 
Parc d'Artillerie de Versailles : P.V.S. 
Parc d'Artillerie de Vincennes : P.V.I.S. 
Parc d'Artillerie de place de Lyon : L.N. 
Parc d'Artillerie de place de Lorient : L.T. 
Parc d'Artillerie de place de Toul : T.L. 
Parc d'Artillerie de place de Toulon : T.N. 
Parc d'Artillerie de place de Verdun : V.N. 
Atelier de construction de Rennes : A.R.S. 
Atelier de construction de Toulouse : A.T.E. 
Ecole centrale de Pyrotechnie : E.C.P. 
Parc d'Artillerie de place de Bizerte : B.Z.E. 
Poudrerie du Bouchet : B. 
Poudrerie de Pont-de-Buis : P.B. 
Poudrerie du Ripault : R.P. 
Poudrerie de Saint-Chamas : S.C. 
Poudrerie de Saint-Médard : S.M. 
Poudrerie de Saint-Pons : S.P. 
Poudrerie de Sevran-Livry : S.L. 
Poudrerie de Toulouse : T.E. 
Poudrerie de Vonges : V.